Cahier de bord : Nuku Hiva décembre 2016 partie 2

Ou

Oups ! La mousse rattrape son retard mais c’est long…aout à novembre 2016

Après le Juillet, le Aout !

Il ne devrait pas échapper aux lecteurs fidèles de la mousse – s’ils le sont vraiment- que le Aout, c’est LE mois de la mousse – et non, pas celui la fête de la bière – parce que c’est son niversaire.

Dans une ancienne vie, la mousse se souvient d’avoir lu le début d’un mémoire – texte magnifique qui ne fut pas conservé dans la version définitive par peur sans doute d’un jugement autoritaire de petits penseurs de grandes écoles - la mousse se souvient d’avoir lu donc l’introduction d’un MASTER II Sciences du Travail et la Société. Mention Formation des adultes et développement des compétences, Spécialité Développement des compétences et Interventions dans les Organisations, - y’en a qui n’ont vraiment rien d’autres à foutre que de se turlupiner les méninges pour trouver des titres de diplômes en 23 mots, faut le faire quand même ! - mais où que j’en suis ? j’suis encore perdue, ah oui, j’en suis à la mousse se souvient donc d’avoir lu le début d’un mémoire enchanteur « je suis née un dimanche, en début d’après-midi, un beau jour de juin, à l’heure de la sieste, ce qui a certainement influencé ma vie…. » - à peu près dans le texte spéciale dédicace Delphine –

La mousse, elle est née en plein milieu du mois d’aout, et pendant les grandes vacances, en début de soirée, quand la fraiche revient un peu, juste après l’apéro, ce qui a évidemment et sans le moindre doute configuré sa vie : la mousse adore buller les doigts de pieds en éventail, lézarder au soleil, sentir le soleil croqué sa peau … et elle boit !

Pour fêter ça, et après avoir assisté au mariage de Vai et de Vaka, nos copains du snack du petit quai, où l’une y fait la bouffe, et l’autre l’approvisionne - le snack, pas Vai -, vu qu’il est pécheur, buveur, chasseur, marquisien quoi ! ....

l’équipage décide de se balader avec le Contre-Temps et Mareva, pour qu’elle – Mareva, pas le Contre-Temps qui malgré un nom masculin est féminin au regard du code de navigation anglais !ah, ah, ah, le Contre-Temps est un il-elle !!!!! -, pour que Mareva, donc, découvre son ile, qu’elle habite depuis deux ans.

Et voilà trois marins et un chien en route pour le tour de l’ile de Nuku Hiva, en une semaine, tranquille.

En presque trois ans, on l’avait jamais fait, le tour : un coup c’était pas la saison pour la houle, un autre coup, la mousse travaillait, ou alors c’était le moteur bâbord qui était HS, ou bien le capitaine qui était en evasan à Papeete… Ok, là, c’est l’occase, la houle est plein sud, le vent aussi, la mousse bosse pas, le capitaine est là, les moteurs sont tout révisés…Go !

On commence par Hakahui, au sud, fief de Kua, Teiki et leur grand Matio

En 2009, après plusieurs tentatives de vie « citadine », Kua et Teiki ont décidé de réinvestir les terres et la maison familiales situées dans la vallée d’Hakahui. Les premiers 18 mois ont été consacrés à l’analyse des saisons, des conditions climatiques favorables au développement de l’activité agricole et à la mise en culture des terres. 67 pieds de pamplemousses, 116 pieds de citronniers, 100 pieds de bananiers, 50 pieds de manguiers, 10 pieds de caramboliers, 400 pieds d’ananas, etc. ont été méthodiquement arrangés sur dans le faa’pu. L’objectif est de vendre, sur le marché de Tahiti, la production et de pouvoir vivre en auto suffisance. Teiki, lui, a centré ses activités sur la découverte et l’exploitation du territoire de chasse, de pêche et sur la remise en œuvre de l’activité de coprahculture. Véritable force de la nature, il a su faire vivre décemment sa famille grâce à cette activité lucrative mais pénible, épaulée et aidée au quotidien par Kua, fiers d’être autonomes vis-à-vis des parents, installés dorénavant à Papeete.

Depuis 2013, la famille profite de la manne touristique – voiliers dans la baie, visiteurs des pensions et hôtels – pour vendre plateaux de fruits frais, proposer des repas conviviaux et riches d’échanges et de partages, faire participer les visiteurs aux parties de chasse, de pêche, aux visites de sites plus secrets de la vallée, paepae, sépultures, sculptures, pétroglyphes, etc. Cette année, accompagnée techniquement par des amis de voiliers, spécialistes de l’énergie propre, elle s’équipe de panneaux solaires, organisés en centrale énergétique, et d’un congélateur…grand luxe dans la vallée cachée de Hakahui !

On vous laisse imaginer combien Teiki et Kua s’usent dans la cocoteraie pour pouvoir expédier, toutes les trois semaines, à Tahiti, par l’Aranui, le bateau transporteur, une cinquantaine de sacs et ce à raison de 3 000 XFP – 27 euros - par sac de 25 kg de coprah – c’est-à-dire la noix de la coco déjà séché -…

Etape suivante, la baie marquisienne, plein ouest, pour déjeuner, puis la baie d’Haahopu.

Mais pas de pot à Haahopu, c’est le week end, il y a les motards de l’ile qui sont là aussi et qui se la jouent « Touquet », on y reste pour la nuit parce que, quand même, c’est juste magique d’avoir une grande plage de sable blanc ici !

J2 : L’anse Motuee, pour déjeuner, et on se promet de revenir pour une ballade à terre, mais là, on peut pas mouiller, ça bouge trop…

Mareva, elle, est marinisée mais on peut pas dire que le matin, elle soit en pleine forme quand même… D’après Loise, c’est pas le bateau, c’est Mareva !

Puis on arrive dans la fabuleuse baie de Pua…

Coup de foudre, mouillage d’huile, splendeur de la végétation, des verts, des fonds, de la plage…

Dès que les pieds de l’équipage touchent sable, l’enchantement de cette vallée perdue opère. On rencontre vite la famille qui habite en bord de mer : les Pauhatini. Ils sont entre hommes, pour faire le miel

et s’occuper des animaux. Ils ne se déplacent qu’à cheval, car dans cette vallée, nulle voiture, la pente de la piste étant trop raide surtout quand il pleut…

Les enfants et les femmes sont restés à Taiohae, pour la maison et pour l’école... On sent que cette tribu est intimement liée, soudée dans le travail et dans sa terre ; les histoires de la famille s’affichent au mur, photos jaunies d’un ancien maire, des grands parents, des petits enfants déguisés pour la photo de classe de Noel…ils sont avares de mots mais le café offert au milieu des biquettes et des abeilles produit chez l’équipage un bien-être et un vrai sentiment de quiétude et d’apaisement. On est bien ici.

La mousse vous en montre un peu …. et vous avez de la chance car cette vallée, plein nord, est accessible peu de temps dans l’année par la mer. Par la terre, ça dépend du ciel mais cette année, la piste a été fermée en novembre et presque tout décembre. Il n’y a plus qu’un seul accès pour s’y rendre, au départ d’Aakapa, chemin défoncé et souvent hors d’usage, l’autre, celui de l’aéroport, étant obstrué par un énorme caillou descendu de la montagne…. et l’équipement est pas près de le déplacer, le caillou, vu qu’on est pas en période d’élections – dixit les Pahuatini ! -

On apprendra plus tard que cette vallée est celle de Mamy et Ernest, en fin plutôt celle de Mamy, de Hooumi – Cf. Cahier de bord mai 2016 -. C’est la descendante de la princesse de Pua – fleurs-, enterrée ici. Et quand Ernest – la grande lance de Taipivai - raconte qu’il venait à cheval voir sa fiancée de Hooumi pour l’embrasser – et que le capitaine lui demandait « ça valait le coup ? », et qu’il répondait « oh, oui alors ! encore plus que tu ne crois ! » coquine de Mamy- c’était donc de cette vallée dont il parlait, plein nord de l’ile, de l’autre côté des chaines montagneuses. La mousse elle a qu’une chose à vous dire « p…. quelle belle histoire d’amour de 45 ans et pov’cul d’Ernest sur son cheval» !

On file ensuite vers la baie d’Hakahea, un peu trop rapidement car cette baie-là est vraiment jolie même si les ballades à terre semblent difficiles

puis celle d’Aakapa, sans s’arrêter, vu qu’on peut pas mouiller dans cette baie, à n‘importe quelle saison, vu la houle , la profondeur des fonds et le quai qui fait peur !

une pause à Hatiheu pour ravitailler en pain, beurre et sucre

avant une escale de rêve à Anaho… Ah que c’est beau !

On profite de ce bon moment, de ce bel endroit, de ce calme, de cette beauté….avant de retourner vers Taipivai.

On ne rencontre pas grand monde, on se ballade et on prend le temps d’admirer un joli cheval, noir, attaché à un cocotier, à l’ombre. Il est tranquille, peinard, une vie de cheval quoi… quand tout à coup, il se cabre, tire sur la longe, se débat et finit par partir au grand galop, un peu direction vers l’équipage qui se planque derrière un cocotier en attendant que ça se passe … pas fiers qu’on est… Quoi qui c’est donc passer ? Mystère…. On se remet à peine de nos interrogations qu’une minute plus tard, descend de la montagne, un gars, à cheval, qui vient d’Hatiheu, par le seul sentier qui dessert la baie d‘Anaho. Il rentre du boulot. Il monte un cheval blanc, bien bâti. On lui demande « t’as vu ce qui s’est passé, le cheval noir est parti comme un fou, mais qu’est-ce que tu lui as fait ? » et lui de répondre « c’est normal, il a vu mon cheval » « ??? », « Il a vu un fantôme ! »

Aux Marquises, les chevaux blancs sont rares, précieux et en avoir un est un signe de … on sait pas quoi mais c’est mieux que d’avoir un cheval pas blanc !

Et comme la mousse en second est ravie de sa semaine et que tout va bien, on décide de continuer vers Ua Pou, pour aller fêter le niversaire de la mousse en premier, chez Ti Pierrot et Rose.

Bon, on le dit encore et encore : Pierrot et sa Rose, on les zaime, et pas seulement pour les bons plats... On les zaime pour ce qu’ils sont, pour ce qu’ils portent en eux, pour ce qu’ils nous offrent en sourires et en engueulades ! et pis merde alors ! c’est nos potos quoi !

Surprise, Mareva a de la famille sur l’ile qu’elle ne connait pas. Ça vaudra de grands moments au marché de Hakahau : Mareva, assise sur un muret, calepin à la main pour ne rien oublier, et des tas de gens qui viennent vers elle, souriants, joues et mains tendues « je suis ton cousin, je suis la fille de , je suis le neveu de etc. etc. etc. ». Les retrouvailles se sont faites et elle a même découvert qu’un terrain était à elle dans une vallée perdue, coté Est de l’ile… de jolis instantanés à regarder de là où l’équipage était, juste content pour elle de tout ça….

Et puis, elle voulait rencontrer André, à Hakahetau, qui s’est lancé dans la permaculture. Les bonnes idées sont prêtes à s’échanger… « les poules bouffent tout à Taipivai » se plaint elle à André, « ben c’est que tu n’as pas assez prévu à manger pour elles, plantes pour elles, elles ne mangeront plus ce que tu as planté pour toi » ! CQFD. On repart avec des tonnes de conseils, des photos, de la motivation et plein de légumes ultra frais !

Grands moments de partages.

Allez, on a fait d’une pierre quinze mille cailloux qu’on laissera sur le parcours pour ne pas se perdre ….

Allez, perdez pas la vue et la main, la suite dans le Cahier de bord : Nuku Hiva décembre 2016 partie 3 à suivre !

Quelques brèves, comme ça….

« Ma maison elle est au bout de la route, le bout de la route, c’est la campagne, c’est là où il n’y a plus de route ! »

C’est la semaine de la science à Tahiti, entendu à la radio « on a mis en place un système pour projeter le ciel de Tahiti et expliquer ainsi aux enfants les étoiles et les planètes et qui dit planètes, dit qu’on raconte les légendes »

A la radio « les avis de décès pour ceux qui sont morts »

En voyant ce que Sika fait, « tu peux faire la même chose avec mon cheval ? »

A propos de la piste qui relie Taipivai à Hatiheu, toujours pas bétonnée parce que la maire déléguée ne veut pas embêter les ancêtres, un conducteur de la Commune « la route c’est fait pour les vivants, pas pour les morts »

« Le père du boulanger tu le connais ? », « non », « mais si », « mais il est vieux le boulanger ? », oui », « alors, son père, il est mort ? », « oui », « ba comment veux-tu que le connaisse », « quand tu passes devant la boulangerie, tu sens qu’il est là, c’est comme ça que tu devrais le connaitre »