Cahier de bord : route vers la Colombie
Ou
« Une navigation rare ! »
« Pourquoi rare ?» direz vous au mousse … - maintenant que vous avez trouvé un petit peu de temps pour dire des choses au mousse, entre métro-boulot-dodo-neige-gris-routines … etc. Hi Hi Hi hi le mousse se moque gentiment….-
« Eh ben posez la question au capitaine, c’est lui qu’a trouvé le titre de l’article ! » qu’il vous répond le mousse….
La, vous êtes, sans le savoir, plantés comme un stock o’fish qui pue parce que le capitaine, tout de suite, maintenant, il est occupé …
Mais comme le mousse elle est sympa, elle vous éclaire d’un soleil radieux, de 36° à 13 H et d’une mer d’huile et elle vous explique…
« Ha ! » qu’ils disent tous et de rajouter –parce que tout le monde il est poli - « Merci le mousse ! »
Rare la navigation de Contre-Temps a été – ça y est, Yoda est de retour -, rare, donc, parce que :
• c’est tout bien revenu les habitudes de nav : depuis longtemps, l’équipage n’avait plus navigué en solo et en amoureux - en fait depuis juin-. Le rythme des quarts – nuit séparée en deux pour accumuler le maximum de sommeil tranquille-, les sandwichs pour les 1eres 24h - le mousse a toujours l’estomac qui fait des vrilles au début – la bulle au soleil, tout nu, les cacas « accompagnés » de Sika sur le trampoline…
Tout bien, tout bien…
• ça c’est fait fingers in the nez, le passage du Cabo de Vella …
Pour atteindre Santa Marta, première étape en Colombie, il faut dépasser le fameux Cabo de Vella, l’un des 10 points les plus chauds de la planète en navigation- vents en rafales pouvant atteindre 50 nœuds ou vent établi pouvant atteindre 50 nœuds aussi, mer avec grosses vagues et houle courtes….-
Tout ça parce que ce coin est unique au monde :
D’abord, la Cordillère occidentale des Andes finit son chemin terrestre juste derrière le cap en question. Et on peut dire que la Sierra Nevada, elle finit en beauté avec le mont Cristobal, culminant à 5700m d’altitude, qui vient littéralement se jeter en direct dans la mer Caraïbe. Du coup, des vents froids – qui normalement se baladent sur les glaciers -, comme s’ils voulaient battre les records de vitesse en ski, descendent du sommet et arrivent pile-poil sur les bateaux qui passent dessous !
Ensuite, les fonds marins sont spécifiques : en moins de 15 miles nautiques, ils passent de moins 5m à plus de moins 1000m, et ça, ça fait toujours une mer fâchée ! Donc voilà Contre-Temps qui se promène dessous Cristobal – ho ! restez correct, m’enfin … - à 7 nœuds, peinard, avec 18 nœuds de vent réel, sous spy asymétrique, à une allure entre petit largue et grand largue ! le grand pied !
Conclusion : le stop à Curaçao a duré en peu trop longtemps au gout de l’équipage mais qu’est ce qu’il a été utile pour attendre « le » bon créneau météo !
• ça c’est fait aussi fingers in the nez… -arrête de mettre tes doigts dans le nez, y’a plus de places ! –le passage de la punta de Vella…
Juste après le Cabo, y’a la punta et, comme dire … « mêmes motifs, mêmes punitions »… Et Contre-Temps est à 3 nœuds, avec 11 nœuds de vent réel, sous spy asymétrique, en plein vent arrière avec un « je te jongle avec les fausses panes » qui occupe l’équipage, vu la vitesse à laquelle le bateau avance ! – ça aura au moins permis de pécher une jolie daurade coryphène, non mais….-
Conclusion : ça se confirme, le stop à Curaçao a duré trop longtemps au gout de l’équipage qui aurait dû partir un jour plus tôt pour être vraiment dans « le » bon créneau météo !
• le mont Cristobal est magnifique et l’équipage est rempli d’émotions en l’admirant….
11 nœuds de vent réel, un ciel immaculé, une mer plate comme une limande, ça veut dire « calmasse » en langage de marins aguerris… ça veut dire pour l’équipage une vison unique du mont Cristobal : le voilà sans nuages, se détachant entre ciel et mer, comme « posé en l’air », comme si une ile était en « suspend ». Ses glaciers géants le chapotent - et là ce n’est pas une vue de l’esprit, le mousse a bien vu de la neige (cf. Le mont Tede aux Canaries et ses remontes pentes mécaniques !) - , c’est, il parait, la seule montagne aussi haute et aussi près de la mer, sur toute la planète ! Rare, donc…
• le vent est devenu « rafraichissant ». Adieu l’alizée doux mais chaud ! Il faudrait presque mettre un tee-shirt – à manches courtes, le mousse vous rassure-, en début de soirée !
• la daurade coryphène, péchée donc juste quand on se demandait ce qu’on allait manger ce soir ! - c’est pas que le capitaine soit mauvais pécheur, c’est juste que l’équipage n’a pas mangé de ce délicieux poisson depuis la traversée de l’Atlantique ! –
• La seule mouche connue au monde qui ait voulu voyager en voilier et en clandé. entre Curaçao et la Colombie, était sur Contre-Temps. Le mousse précise « était » parce qu’elle a été gobée par Sika, le grand chasseur de mouche – il a un bon professeur en la personne du capitaine, qui rappelons le ici, est le plus grand tapeur (du mot tapette) à mouches du monde ! –
• Le nombre incroyable de cargos, leurs hauteurs, leurs largeurs, croisés pendant la traversée, monstres qui montent et descendent un rail indiqué nulle part (sic !) et dans lequel Contre-Temps évolue, - en plein milieu pour être clair- ! hop la la boum, que je te prends 5° par-là, 5 ° par ici pour confirmer nos intentions à ceux qui sont en passerelle – ou pas ?!, va savoir Charles ! -
• La vision éblouissante des nuages qui s’amoncellent sur la chaine de montagnes, comme de la Chantilly compacte, accrochée entre ciel et terre et entre ciel et mer, au coucher du soleil
• 3 jours pour faire 370 Miles nautiques, c’est pas glorieux comme moyenne, « la honte » dit le capitaine et calmasse, quand tu nous tiens, peut pas faire grand-chose et puis « nous on fait pas de moteurs, on est un bateau à voiles, merde, quoi ! »dixit le cap.
Et en même temps, l’équipage se dit que c’est toujours mieux que de passer en Colombie avec la tempête, le cœur et le bateau à l’envers !
• Du coup, il a fallu ralentir Contre-Temps – un oxymore, comme dirait Onfray –la dernière nuit pour arriver de jour à Santa Marta…
Un génois grand comme un string, le rallongement de la route à faire…
L’équipage a tout mis en œuvre pour y arriver… Le soleil levant – que le mousse y sait pas à quelle heure il se lève, le soleil malgré les trois quarts du matin faits par lui….au grand dame du capitaine qui, entre parenthèses, ne le sait pas non plus ! – donc le soleil levant amène Contre-Temps à la marina de Santa Marta, pas très jolie de loin, juste à 7h du mat.
L’équipage a, depuis quelques jours, commencé à découvrir la Colombie, le cours du pésos colombien – COP- qui rend le capitaine et le mousse millionnaires ! , les colombiens, tellement gentils et souriants, les cafés tinto servi au gobelet dans la rue, et la marina tellement agréable et high tech – l’entrée des sanitaires et de la salle "loisirs"se font grâce à l’empreinte digitale du doigt droit – ou gauche- et, quand tu fais caca, la chasse d’eau se déclenche toute seule à chaque plouff ! L’équipage n’ose visualiser ce qui se passe quand tu as la courante… Trop fort !
Contre-Temps va donc rester ici, un peu plus que prévu, parce que
• c’est bien
• l’équipage s’y s’en bien
• et l’éducation de Sika chien est très importante aux yeux du capitaine et du mousse : il lui faut découvrir encore des tas de choses et les joies de la neige –celle des montagnes, mauvais esprit que vous êtes !- sont à son programme pédagogique !
Avec toi, que la neige soit….
en tongs !
comme dirait maitre Jedi…
(la ferme, vieux crouton………..)