Cahier de bord : Les cousins de Tahiti en vacances à Ua Pou partie 1
Ou
« ça bouge, et on est dans le mouv à Ua Pou »
Une semaine de vacances avec les cousins de Tahiti, sur l’ile de Ua Pou, ça a fait, à l’équipage, comme si le temps s’était en même temps arrêté et accéléré ! Toutes les habitudes ont été révisées, toutes les prévisions altérées, tous les plans tourbillonnés ! Rien ne s’est passé comme cela aurait pu se passer, et tout a été réinventé ! Concrètement, ça donne :
- On attend les cousins en deux vagues – c’est le cas de le dire- les filles à l’avion de samedi, le gars à celui de dimanche, devant le village de Hakahetau parce que c’est calme...
- Et ben non, la houle se lève jeudi et s’amplifie jusqu’au week end ; du coup, le dock est impraticable, les grosses vagues passent par-dessus et on a trop attendu pour changer de mouillage...va falloir faire avec ! Comme dit le capitaine « ça bouge, et on est dans le mouv à Ua Pou »
- On se dit que les cousins sont d’anciens voileux, ils viendront évidemment avec des sacs souples, étanches et légers...
- Et ben non, ils ont des grosses valises rigides, certes pleines de trucs pour l’équipage, dont du fromage qui pue, un Tariquet, et quelques autres babioles mais quand même, ça promet d’être sportif ...
- C’est tellement trop que les villageois proposent même de mettre tout le contenu des dites valises dans des sacs poubelles pour tenter de garder au sec tout ça. Ensuite, y aura plus qu’à se jeter au bouillon pour rejoindre le Contre-Temps, va que je te pousse, à la nage...
- Et ben non, juste quand tout le monde arrive et que les vagues font un peu peur, le capitaine, en vrai pro de l’accostage à la Off shore, attend le bon moment et, ni une ni deux, les valises, les cousines, le mousse et le capitaine repartent vers le bateau sans avoir rien perdu, même pas l’annexe...il fera de même avec le cousin... trop fort ce capitaine !
- On dégage vite fait dans la baie de Vaiehu, bien protégée de la houle de NNO pour y passer de bonnes nuits et profiter tranquillement, ça fait tellement longtemps qu’on dort mal dans des mouillages agités, qu’on a hâte ...
- Et ben non, les cousins, ils veulent voir de nouvelles baies tous les jours. On mouille, ils vont se balader, on fait de bons repas- spéciale dédicace à Cousin et sa tarte sablée aux bananes et aux mangues façon tatin, trop bonne -, on dort, on démouille – comme dit l’équipage d’Evazion- et on recommence tous les jours. Et mise à part Vaiehu, les autres baies de la côte ouest ne sont pas si peinardes que ça...
- On veut remouiller devant Hakahetau pour diner chez TiPiero et Rose. Un bon moment en perspective, tellement ils sont gentils et gourmets. On veut provoquer cette belle rencontre avec les cousins...
- Et ben non, la houle ne se calme pas, alors, on file sur Hakahau, un peu déçu. C’est alors que Cousine a une bonne idée, parce que, du coup, on va pouvoir faire la cote au vent de l’ile en 4x4 avec Jérôme – le fameux qui tient la pension au-dessus de la baie et que Karine connait justement, bonne pioche !-
- Il est temps pour les cousins de partir, on se dit au revoir samedi matin. Ils filent pour l’aéroport avec Jérôme qui fait taxi, sympa... Le capitaine et le mousse se disent que les attributs de la jeunesse et de l’entretien physique admirés pendant une semaine leur démontrent à quel point ils sont devenus de grosses faignasses bullouillantes.... bof ! Le bateau est très silencieux et l’équipage s’occupe : le mousse s’active, comme d’hab, à reconfigurer le bateau pour passer de 5 à 2 occupants, le capitaine, lui, se repose et vise une bonne sieste, grand labeur...
- Et ben non, d’un coup, à l’heure du déjeuner, on entend des « Hou Hou ! » qui viennent de terre... Les cousins sont là avec leurs grosses valises, l’avion est en panne, ils partiront – peut-être- demain...
- Les grands cousins, justement, décident, après un repas express, que, d’une part, il est absolument indispensable d’aller faire une dernière ballade à pieds avant l’avion de demain et que d’autre part, on dinera le soir même chez TiPiero et Rose, véhiculé par Jérôme, vraiment cool. Le Jérôme, toujours lui, en a conseillé une, de ballade, facile, à l’ombre, qui prend à peine trois heures aller-retour...
- Et ben non, enfin si, c’est vrai pour cousines et cousin mais pas pour le mousse. Le Jérôme, c’est un ancien militaire et un guide de moyenne montagne, tu vois le genre... Le mousse croit cracher ses poumons comme au bon vieux temps d’un paquet de Drum par jour et sue toute l’eau qu’elle a stocké dans son gros corps depuis un an ! Pfffffffff............mais faut le dire, quand on arrive dans devant, la baie, c’est simplement magnifique et estomaquant !
- On se dit qu’au moins, à Hakahau, avec deux ancres, diner dans l’autre vallée ne pose aucuns problèmes de sécurité et qu’on va dormir tranquille ...
- Et ben non, après un somptueux diner détendu et souriant – spéciale dédicace à TiPiero pour son poisson fumé, ses nems façon manière, son tagine de chèvre à la mangue de Ua Pou et son crumble tutti-frutti, trop bon- un super méga gros orage éclate. Il faut donc rentrer à Hakahau par la piste déglinguée et glissante, au milieu des coulées de boue, sous des trombes d’eau et constater, en arrivant, que le Contre-Temps n’est plus à la place où on l’a laissé...
- A minuit et à 4 paires de bras, on remonte facile l’ancre arrière qui a chassé. On est seul dans la baie, ça tombe bien...
- Et ben non, avec un courant qui fait n’importe quoi, la rivière qui se jette dans la baie toute obstruée et la pluie battante, on est obligé de s’y reprendre à 3 fois. On va se coucher, enfin, sans être sûr que ça va tenir mais la pluie se calme, un peu...
- On est dimanche, les cousins décollent à 7h30 du Contre-Temps. Avant de partir, la petite cousine Satia complimente le capitaine...
qui ne s’en remet pas ! cf. la partie 2 de l’article !
- On attend d’entendre le moteur de l’avion, on sait jamais, ils pourraient revenir pour continuer un peu leurs vacances, ça serait bien ...
- Et ben non, ils sont partis pour de bon... l’équipage, lui, fera encore 6 manœuvres pour tenter de faire tenir sa foutue deuxième ancre avant d’aller mouiller, sur une seule pioche, devant le quai de l’Aranui, épuisé...
« Ça bouge, et on est dans le mouv à Ua Pou ça bouge,
et on est dans le mouv sur Contre-Temps, quand les cousins de Tahiti sont là ! »
Les brèves pas brèves, trop jolies pour ne pas vous les narrer...
- De Tipiero « Je n’ai pas grossi, j’ai augmenté ma surface de caresses »
- De Maurice, le taxi de Hakahetau « Je suis parti de Papeete parce que là bas, il faut travailler tous les jours. C’est trop dur. Ici tu travailles que quand tu as besoin »
- D’un gamin de Hakahetau « T’habites où ? A paris. Alors tu connais Cédric. C’est qui Cédric ? Mon papa. Il habite où exactement Cédric, parce que tu sais, Paris c’est grand. Tu peux pas te tromper, il habite dans un appartement. Tu le connais ? »
- De Mehra, le pécheur de Hakahetau, qui s’inquiète auprès de Tipiero : « Le bateau de Sika, il est parti ! »
- Racontée par Jacques, d’une fillette, à l’école : « Comment les polynésiens sont-ils arrivés ici ? moi, moi je sais : par l’Aranui ».
PS : L’équipage est encore resté quelques jours à Ua Pou avant de décaler vers Nuku Hiva, la houle étant annoncée de sud. On en a profité pour :
- papoter plus longuement avec Jacques, et lui refiler 5kg de linge à laver, on fait d’une pierre trois galets ! Jacques est un vieux popa, né en Algérie, marié à une marocaine, ayant vécu en France, au Maroc, et ailleurs. Ancien journaliste, il est un littéraire pour la vie ! Le couple vit ici depuis 15 ans et lui a fait ce que personne n’osait imaginer possible : ouvrir un point presse/librairie/multimédia à Hakahau. Il organise aussi des animations culturelles pour les enfants – concours, expo-. Son credo « si on te donne de quoi lire, tu lis »... Alors il donne à lire le dernier Charlie Hebdo, qu’on trouve au milieu des éditions de Géo, du Canard, de la presse de Tahiti et de Voiles et Voiliers... C’est un homme à écouter, tranquillement assis à l’ombre de sa terrasse, dominant la baie, en sirotant une bière bien fraiche... belle rencontre !
- retenter une escale à Hakahetau, parce que de ce côté si de l’ile, la pluie et les vagues rendent très inconfortables le mouillage, même planqué derrière la digue...
Mais, même par houle de sud, la baie préférée de l’équipage, pourtant orientée NNO, est chahutée et l’accostage au dock toujours périlleux. On passera quand même du temps à apprendre quelques mots de marquisiens avec les enfants – ici, un réré est un pététa, un chein un péto, un vah’a un vaka-et à dire au revoir à Yveline, à Yvonne, à Juliette, à Rose, TiPiero et leur fils tatoueur en vacances surprise, à Fatima et Mehra, et au grand pote de Sika Foxy.... La veille de partir, c’est le pick up de TiPiero qui ramènera l’équipage au dock. On ne pouvait pas faire le chemin à pieds, trop chargé... Le coffre est en effet rempli de fruits « pour pas qu’on manque et parce que ça fait plaisir ! »
