Cahier de bord : avril 2017 Nuku Hiva, de de Gaulle à Marine

Publié le par Equipage Contre-Temps

Ou

Les COM humiliées, les COM outragées, Les COM brisées, les COM martyrisées

mais les COM pas libérées

 

En cette période d’élections présidentielles, « LE moment républicain » comme ils disent, l’équipage du Contre-Temps souhaite profiter de cette tribune qui lui appartient- on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même personnellement ! – pour exprimer ses revendications, ses doléances et ses ressentiments… ba voui, on râle, on pleurniche, on défache pas, pour se mettre, comme tout le monde de la France d’en haut – géographiquement parlant évidemment et uniquement par rapport à l’équipage qui se trouve avoir les pieds en l’air ! - pour se mettre, comme tout le monde, donc, à la mode franchouillarde, même plus syndiqué !

Parce que voyez-vous, pendant les élections présidentielles françaises, de ce côté-ci de la planète, plein sud pour vous qui avez la tête en bas par rapport à l’équipage, il n’y a que deux séquences où on entend parler des DOM TOM - donc pas de la Polynésie française puisqu’ici, on est COM c’est-à-dire Collectivité d’Outremer et, je sais pas vous, mais nous, on n’a jamais entendu cet acronyme-là dans la bouche d’un candidat, quelque qu’il soit, avant ou après les primaires …-, donc, il n’y a que deux séquences où on entend parler des DOM TOM sans les COM :

  1. juste au début des discours de propagande de chaque candidat, entendus tous les soirs à 18h et tous les matins à 6h, les 10 jours qui précèdent le fameux premier tour sous la forme suivante : « chers concitoyens, chers compatriotes ultramarins »

  2. dans quelques paragraphes bien choisis évoquant « l’égalité réelle » entre la métropole et les territoires éloignés, un peu par Valls, et même par Fillon…

     

Euh… comment vous dire ?

On en reste tout perplexe, coi, interloqué, et ébaubi parce que :

- d’abord, c’est dur le matin à 6h, au lever du jour, rose et légèrement bleuté, quand les pécheurs rentrent d’une nuit d’orgie avec les thons et que leurs vagues bercent chaloupement les coques du Contre-Temps, comme pour dire « allez, debout, c’est l’heure, après il fera trop chaud ! » c’est dur, donc, d’entendre Poutou parlé fort, et la Le Pen fermée les frontières du pays des droits de l’Homme… bon c’est plutôt plus drôle quand on entend le Fillon promettre que tous les méchants et les voleurs iront en prison, on s’en étranglerait presque avec les tartines de pain au miel de Fatuiva ! Quant au Hamon qui vide les caisses d’un état déjà en faillite, c’est trop fort ! on comprend toujours rien à ce qu’il dit le Lassale, mais c’est peut-être la distorsion des ondes à cause de la courbure de la terre, et le Asselineau, lui, n’en parlons même pas. La petite Arthaud, elle, ne vaut vraiment pas Arlette dans son « travailleurs, travailleuses », il lui manque un je ne sais quoi de gouaille qui la rend plutôt pauvrette ! La mousse ne cite pas les 11 candidats mais comme elle n’est soumise ni au quota, ni au pourcentage équitable du temps de parole, la mousse, elle fait ce qu’elle veut ! na !

Bref, on sait pas pour vous, mais d’ici, on entend tous les jours qu’ils nous prennent pour de sacrés cons débiles, et encore, c’est méchant pour les faibles d’esprits !

Le problème c’est que, là-bas, chez vous, y’en a qui ont l’air d’y croire… et là, ça nous laisse tout chose ! On a un vague souvenir de quand on était encore à vivre la vie que vous vivez, il y a …, on n’y croyait déjà pas mais vu et écouté d’ici, ce qu’ils racontent, les 11, c’est juste incroyablement pitoyable, décalé et honteux … bon nous, on dit ça, on dit rien, mais tout de même …

- ensuite, on a un léger souci avec le mot « ultramarin » … Quel est l’andouille de technocrate qui a pondu ce mot : « ultramarin » ? Qu’est-ce que ça veut dire ? « marin » ça peut vouloir dire « au-delà des mers », admettons, quoique, ici, on est à 3 mers de vous, mais en Guadeloupe, en n’en est qu’à 1…. Ça peut aussi vouloir dire « au milieu des mers », bon mais là, je suis pas sûr que les guyanais se sentent l’âme salée… Et « ultra » ? Vous avez une idée ? Nous, on se sent pas « ultra », on se sent loin de la métropole, c’est tout ...

- enfin, et ça, c’est le summum, « égalité réelle » …Si ils disent « égalité réelle », ça veut donc dire qu’il y a une égalité irréelle ? Non ? Ou encore une inégalité réelle ou même mieux : une inégalité irréelle, hum, hum ? Qui c’est qui peut expliquer ce mystère politicolinguisticotechnocratique ? Parce que, vu et écouté d’ici, si on comprend bien, ça veut donc dire que les lois de métropole seraient des lois qui diraient qu’on est égaux mais qui ne permettrait pas qu’on le soit pour de vrai… c’est ça ? On a bien compris ce que veut dire « égalité réelle » ?

Sans réfléchir beaucoup, l’équipage, il en a plein, des exemples d’inégalités réelles vécues aux Marquises : tu veux un acte de naissance pour finaliser ton dossier de demande de retraite par Internet. Tu es aux Marquises. Tu fais la demande le 1er mars, tu relances le 14, tu envoies un mail au service Qualité de la Commune de Boulogne-Billancourt, parce que le capitaine il est né dans un taxi dans le bois de Boulogne, avant que celui-ci ne devienne le giron malfamé que l’on connait bien dans les hautes sphères comme dirait l’autre… , tu envoies donc un mail au service Qualité de la Commune de Boulogne-Billancourt, parce que tu te demandes ce qu’il se passe, tu finis par recevoir l’acte par courrier, réalisé le 28 mars à la Commune de ta naissance, posté le 29 mars, arrivé le 17 avril à Nuku Hiva, sans réponse du dit Service Qualité de la Commune de Boulogne Billancourt, pour ne pas la nommer encore une fois... Le hic c’est que l’acte, il est valable que trois mois ! Parallèlement comme tu t’énerves, tu as mis un copain de métropole sur le coup, en mettant son adresse à Bordeaux, on fait la demande le 2 avril, il reçoit l’acte le 17 avril…. En attendant, ton dossier de retraite, il part pas… et pour complément d’info, la demande du 14 mars est traité le 10 avril à la Commune, envoyé le 11 et réceptionné le 24 avril à Taiohae ! non mais je rêve, quoi….

Une autre ? L’administration d’état organise un concours catégorie C. La mousse accompagne plusieurs marquisiens dans leurs préparations…. La convocation est enfin envoyée : 6 iles dans l’archipel, 18 candidats à Nuku Hiva. Lieu d’examen : Papeete, à 1 500 km, frais de transport non pris en charge. Après négociations, il est décidé qu’un lieu décentralisé d’examen sera sur l’ile d’en face, Ua Pou, à 2h de bateau, parce que les avions sont trop petits pour emmener les 18. Heure de convocation : 21h, fin des épreuves à 24h, pour être calé sur les horaires de métropole ! Ici tout le monde se couche à 20h … Et pourquoi c’est pas les candidats de métropole qui devraient bosser de 20h à 23h pour se caler sur ceux de Polynésie française ? Hein ?...

Encore ? allez, en vrac : des vallées habitées sans couvertures téléphoniques, ni radio, ni Internet – pratique en cas de cyclones, de tsunami -, le seul hôpital de l’Archipel sans aucun lien informatique avec n’importe laquelle des structures médicales de Polynésie et de métropole, pas de lycées, - les élèves partent donc en Internat à Tahiti, au frais des parents-, aucunes filières scolaires orientées nouvelles technologies, tourisme, langues étrangères, etc., des spécialistes médicaux – cardio, ophtalmo, néphro, etc.- présents 1 fois par an pour 4 jours, pas de psy… ce que vous voulez derrière – avec un taux de suicide chez les – de 25 ans exponentiel, et un taux de maltraitance sur femmes et enfants tout aussi extravagant-, les pièces détachées de tout, avec minimum 3 semaines de délais et une taxe de fret – arrivées par bateau -, le permis de conduire, obligatoire, qui ne peut se passer qu’à Tahiti –600 euros le billet A/R – parce qu’ici, il n’y a ni auto écoles, ni voitures équipées, ni examinateurs, ni routes adéquates, ni panneaux, ni feux rouges, ni marquages au sol mais le permis est tout de même obligatoire ! Les produits de consommation courante entre 20 et 70% plus chers qu’à Tahiti et je vous parle même pas d’une comparaison avec la métropole, une taxe de 20% pour tout produit importé même ceux qu’on ne trouve pas en Polynésie, et encore, et encore, et encore …

Bon, pour vous montrer pour de vrai ce que ça fait de vivre dans l’inégalité, on vous en dit une qui va vous faire râler, vous : le kilo de thon rouge ou jaune, qualité sushi, péché du matin, vendu du matin, à 500 FP, en filet, nettoyé, pelé, soit 4, 50 Euros…

Ah, Ah, Ah, c’est dur l’inégalité réelle, hein ....

 

Puisque vous n’en entendez pas parler par les 11 et que ici non plus, on entend pas parlé de nous, la mousse, elle n’a pas fini, elle en a encore une à vous raconter, à propos des COM… Vous savez, ici, on est là où le Général, vers 1960, il a décidé, en accord avec lui-même, que ses habitants étaient heureux d’aider la France à se protéger des vilains communistes, grâce à la puissance nucléaire ! Il fallait bien le tester, le programme d’essais militaires, et le bon endroit, c’était au milieu d’un lagon bleu des mers du Sud, puisque ça n’a pas de conséquences, ni pour les hommes, ni pour l’atoll, qu’il disait, mais qu’on préfère quand même les faire – les tests- de l’autre côté du monde, le plus loin possible de la douce France… au cas où, sans doute ? Il faut avouer qu’à l’époque, la Polynésie française n’était pas une COM mais un DOM… ceci explique peut-être cela, non ?

Aujourd’hui, une pièce de théâtre, montée par la compagnie du Caméléon, basée à Papeete, « les champignons de Paris », tourne sur le Fenua.

Cahier de bord : avril 2017 Nuku Hiva, de de Gaulle à Marine

Interprétée par deux acteurs célèbres tahitiens et un kihitea – peau blanche -, la pièce restitue des témoignages de ceux qui y étaient, qui y ont participé, des militaires, des civils, de ceux qui ont été gracieusement payer pour vendre leur terre et le reste, et de ceux, aussi, qui ont tout perdu, y compris leur vie, leur espoir, leur histoire.

Les conditions du spectacle ont été dantesques : au milieu de la salle municipale Vainaho de Taiohae, avec enfants qui jouent au babyfoot, friteuses déchainées, odeurs de merguez brulées et chaleur étouffante sous le toit de tôle sans ventilo… L’équipage a eu une pensée émue pour les acteurs qui ont dû s’égosiller pour se faire entendre… Mais comme ils sont pro, ils se sont fait entendre… après le spectacle, un micro a circulé : un jeune homme a remercié l’auteur parce « son papa y était et n’a jamais raconté », un autre a témoigné de son manque d’informations sur les maladies, les conséquences sociales, un ancien politicien marquisien a raconté sa version « les français ne connaissaient pas les risques, ils ne savaient pas, la preuve, des militaires aussi ont été malades » … il faut dire que ce monsieur était conciliateur entre Etat et Pays à cette époque … Il a l’air de bien vivre avec sa vision de cette période. Le maire, lui, n’a rien dit, carpe totale ! Quant à l’administrateur d’état, sa chaise est restée vide… une autre façon de dénier, encore et encore…

Ça, ça fait honte à l’équipage…

 

Allez, trois petites dernières pour la route :

  1. La campagne présidentielle battant son plein, on a vu aussi ici surgir de terre les 11 panneaux en contre-plaqué servant de support aux affiches des candidats ! bon, ça, c’est la règle générale mais ici, on est face à deux problèmes majeurs :

    1. Les poseurs d’affiches se plaignent car certaines municipalités ont utilisé du contre-plaqué caca : « les affiches ne sont pas jolies, on peut pas les mettre en colle » qu’ils disent…

    2. Ce problème n’en est pas un aux Marquises puisque les affiches de 10 candidats sur 11 ne sont pas arrivées ! Le Melenchon se donc retrouve tout seul à sourire, encadré de 10 pov’panneaux tout moches ! Vous me direz que c’est pas si grave les affiches, tant que les électeurs ont les professions de foi des candidats… eh ben non, ici, aux Marquises, rien dans les boites postales, que dalle, macashwallou…Reste plus que les débats retransmis à la TV avec 24h de décalage, les journalistes et la radio pour se faire une idée à peu près de ce que disent chacun des 11…. Vous voyez le malaise, ou pas ?

  2. Le capitaine a maintenant une émission à Radio Marquises, tous les mercredis matin ; chronique de 5mn intitulée « le nono qui gratte ». La séquence commence par « les Marquises bonjour, un frani parle aux marquisiens. Moi, c’est Joni, je suis un frani à voiles, je suis arrivé par la mer avec ma compagne Cécile et mon chien Sika » et se conclue par « bon, moi je dis ça, je dis rien mais je vous le jure, la prochaine fois, je ne vous parlerai pas de … »

    Lors d’une séance de grattage à propos de la politique, la bête qui mord – et ne pique pas – a commenté l’actualité polynésienne de Mr Flosse, le vieux comme on dit ici « j’en ai entendu un l’autre jour qui disait qu’il fallait voter Marine le Pen mais que ça n’avait rien à voir avec le Front national » ! vous y croyez ?

Heureusement que les 11, ils n’osent pas tenir ce genre de propos, hein ?

  1. Pour se faire du bien au moral :

    Expérimenté à Ua Huka, l’ile qui compte 500 habitants et plus de chevaux, non encore comptabilisés. Contexte : des jeunes de 16 à 30 ans sont, comme souvent aux Marquises, en situation d’échec scolaire puis de non-activités, si on peut considérer que boire à tomber et fumer le paka lolo ne sont pas des activités à part entière ! Action : la Commune a réagi de manière tout à fait locale : sachant que l’art de cette ile est particulièrement reconnu, 3 agents municipaux, sculpteurs par ailleurs, sont délégués dans chacune des vallées pour mener des ateliers d’apprentissage à la sculpture, justement, sur os, sur bois, sur pierre. Les « stagiaires » ne sont pas rémunérés. Les ateliers sont entièrement équipés de matériels et matériaux neufs, en adéquation avec les savoirs faire à transmettre. Les pièces réalisées sont vendues aux trois marchés artisanaux, pour les touristes et voyageurs. Durée de la session : jusqu’à ce que le besoin soit comblé. Entre 7 et 10 participants par vallée. En œuvre depuis plus d’un an… Comme quoi, l’action locale, ça marche…

 

Pour finir en beauté dans ce monde de brutes, le florilège des brèves pas brèves, pour vous enchanter … et pour que vous compreniez pourquoi on a décidé de vivre ici, à jamais… loin des méchants, des vilains pas beaux, de la tristesse triste, des 11 et de Flosse, et de son copain Chirac, qui vont bientôt rejoindre leur ancêtre Charles …

 

Une vieille dame du marché artisanal est allée visiter sa famille en France pendant un mois en décembre. La mousse la questionne :

« Où habites tu à Paris ? »

« En face de la grande église, dans le 4ème »

« Tu habites devant la cathédrale Notre Dame ? »

« Je connais pas son nom, c’est la belle église blanche qui est sur le motu au milieu de l’eau »…

 

La même vieille dame : « Comme on est polynésien, les gens sont gentils avec nous, ils nous ont gâté et offerts des cadeaux. On est retourné 4 fois dans le même restaurant parce qu’ils nous ont offerts des châles, j’ai eu tellement froid ! »

 

La mousse est devenue préparatrice bénévole d’examens ; plusieurs personnes veulent passer des concours de l’administration : une pour être professeur des écoles, une autre pour une équivalence professionnelle, la dernière pour passer du fonctionnariat du Pays à celui d’Etat.

Les épreuves sont les mêmes qu’en métropole, tant sur la forme que sur le fond !

  • Exercice de grammaire avec Tama : transformer des noms en adjectifs. Exemple forêt = forestier

Tama réalise l’exercice et répond ainsi :

Femme = Fille

Spacieux = Grand

Hum, hum…

En marquisien, un mot peut être adjectif, nom, verbe, sans jamais changer de forme orthographique ! l’exercice est donc extrêmement difficile…

  • Exercice de français avec Yolinda qui utilise une équivalence pour être professeure des écoles : mère de 3 ans, elle n’a pas besoin d’avoir un cursus universitaire pour tenter le concours, elle sera nécessairement insti aux Marquises, - épreuve de langue marquisienne imposée- :

« Dans le corpus proposé, vous analyserez le regard que les auteurs portent sur la condition humaine à partir de l’évocation de la première guerre mondiale »

Texte 1 : Guillaume Apollinaire, « Poèmes à Lou » in Œuvres poétiques, Paris, Gallimard, 1956.

Texte 2 : Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, Folio Gallimard, 1952, p. 24.

Serais

Texte 3 : Jean Rouaud, Les champs d'honneur, Les éditions de Minuit, 1996, pp. 147-149

Texte 4 : Jean Echenoz, 14, 2012, Les éditions de Minuit, pp.81-82.

Les textes sont bourrés de références historiques et culturelles, d’images, d’argot parisien, autant de figures de style tout à fait inconnues en marquisien ! quant à la 1ère guerre mondiale….

  • Exercice de culture générale pour Colette qui est femme de ménage au collège

« Isaac Newton est-il un homme politique américain, un scientifique anglais, ou un artiste israélien ? »

Même par déduction, impossible de réaliser l’exercice pour Colette….

 

Entendu à la radio publique

À propos de la restauration du plus grand marae de Polynésie, 40m de haut, 5 étages, le président de la Polynésie française Mr Fritch s’exprime « il manque des pierres, prises par les gens du coin, il faut rendre les pierres parce qu’elles sont tapu, elles ont le mana, c’est dangereux de garder ça chez soi »

 

Entendu à la radio publique

« Tout le monde a un jour effleuré la petite marguerite… » et comme les journalistes commencent à rire en pensant à une marguerite tout à fait sexuelle, le présentateur ajoute « je t’aime, un peu, énormément » !

 

Entendu à la radio publique

Un journaliste : « Quand il y a des …. Je dis pas le mot, quand il y a des peapea… »- qui veut dire problèmes, bagarres ! –

 

Entendu à la radio publique + diffusé sur la chaine publique et sur le Net

Il pleut fort depuis 4 jours, les inondations ont recommencé, tout le monde s’inquiète à Tahiti.

De 8h à 11h, ce samedi, le nouvel archevêque de Papeete est investi de ses fonctions terrestres. Le poste était vacant depuis 11 ans. C’est un grand moment de communion pour le Fenua, et la cathédrale de Papeete est pleine des 600 choristes venus de toutes les iles, les croyants sont donc dehors, sous des chapiteaux, pour prier et assister à la messe.

A 8h, quand la cérémonie commence, la pluie s’arrête.

La journaliste s’extasie « Dieu a le mana, la pluie s’est arrêtée ! »

 

Chez nos copines les jolies filles Loïse et Mareva

Un nouveau challenge est engagé entre elles : 1 gros mot : 1 marron – 1 pièce de 100frs - pour Loïse et si Mareva se met à râler, même tarif !

Le pot choisi pour recueillir les marrons est grand, ça va faire une jolie cagnotte et deux filles très polies et faciles à vivre ! quand Loïse parle, ça donne, pour pas être à l’amende « ce marron de gars a…. »

Mais Loïse n’est pas contente : « c’est pas juste, c’est toujours moi qui paie parce que c’est moi qui ait les sous ! »

 

Entendu à la radio publique, pendant la deuxième vague d’inondations « Les rivières sont débordées, tout est débordé »

 

Ecrit sur la porte des WC de l’aéroport de Nuku Hiva « Les pissoires sont en panne mais on sait pas pourquoi »

 

Entendu dans l’avion qui emmène le capitaine à Papeete pour ses examens médicaux « On vole Ua Huka » (on est passé au-dessus de Ua Huka)

 

En voiture, avec un gars d’une cinquantaine années « Si tu as de la terre sous les pieds, tu as à manger »

 

Il pleut « les nuages pleuvent »

Il pleut plus « le ciel a cessé de pleurer »

 

Rencontre avec Moetai :

« Ça va, ça fait longtemps que je t’ai pas vu, tu travailles ? »

« Oui, au fa’apu »

« Tu bosses dur ? »

« Mon grand-père disait si tu plantes tous les jours 2 bananiers, à la fin du mois t’en as 60 »

« C’est ce que tu fais ? »

« Non, j’en plante 1 /jour et ça m’occupe assez »

 

Bon, c’est pas le tout mais, ici, on vote samedi et l’alcool est interdit à la vente en ce jour d’élections, donc, si on veut boire une bonne fraiche ce soir, dans le cockpit, faut aller acheter les bières avant que ça ferme…

PS :

Jour des élections :

  • Consigne est donnée aux polynésiens de venir voter de manière neutre ? ça veut dire ne pas être habillé dans la couleur de son parti : orange, bleu, ou vert ! Ici, ça pose un vrai problème vu que les robes et les chemises sont toutes de toutes les couleurs et que ça la tenue du dimanche pour aller voter !

  • Devant plusieurs bureaux de vote, des orchestres improvisés se font mis à jouer, pour faire patienter les futurs votants et attirer le badaud vers l’urne !

  • Le bureau de vote de Pira’e – Tahiti- a ouvert ses portes juste après que le prêtre l’ait béni !

  • Le vote a lieu la journée de samedi ici. Pour ne pas que les électeurs soient influencés par quoique ce soit, aucune information n’est diffusée pendant 24h sur les ondes radio et TV ! Ok, mais ici, aucune information, c’est aucune information : rien sur la métropole, rien sur le monde, rien sur le fenua, même pas la météo ; les journalistes sont tous en congés !

  • Résultats du 1er tour : chez vous, vous savez, ici :

    • 32.5% de votants, une abstention de +27 points par rapport à 2012

    • En Polynésie française : Fillon puis le Pen

    • Pour info, pour les DOM TOM Le Pen puis Mélenchon puis Fillon

    • La mousse elle dit qu’il serait bien que quelqu’un regarde de près ces résultats et en tire des conclusions utiles pour le développement de ces territoires ! ça pue grave ! ça pète encore en Guyane, gaffe, gaffe….

Publié dans Cahier de bord

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