Cahier de bord : notre 2eme TransPacifique, 2ème partie

Publié le par Equipage Contre-Temps

Ou

Ia ora na de Rikitea, aux Gambier!

NB : photos en bas de page,

Allez, c’est parti, mardi 20 mai 2014, 7h30, la Grand-voile est hissée, le génois envoyé, on quitte le mouillage de San Cristobal pour la grande traversée...

Départ cap au sud en passant devant Isla Santa Maria, ce qui rallonge un peu la route mais là, franchement, d’abord, on n’est pas à 10 miles près vue la distance à courir et pis ensuite, de toute façon, on n’a pas vraiment le choix, on n’arrive pas à passer cote au vent de l’ile, sauf à tirer des bords et, comment le dire, on a une grosse flemme de commencer par des manœuvres le premier jour de navigation, donc, on navigue sous le vent de l’ile, tranquille, abrité, et on profite du paysage : on regarde une dernière fois les nageoires des otaries qui flottouillent entre deux eaux, les ailerons des requins qui maraudent, à fleur d’eau toujours, et on espère secrètement voir des pingouins… mais il sera dit que ces bestiaux ne seront pas inscrits à notre bestiaire galapagociesque ( ?!)….rien vu qui ressemble de près ou de loin au Papa Pingouin, tant pis !

Les trois premiers jours, on descend, et on descend et on continue de descendre vers le sud, parce que comme dirait l’autre et ma grand-mère « faut pas tortiller du cul pour chier droit », - si, si, ma grand-mère elle disait ça ! -, il faut aller au moins jusqu’au 4° Sud ; on en avait beaucoup parlé et avec Bohémia et Kouunji, y’a pas le choix, faut descendre au moins jusqu’au 4°S et 092°W pour trouver le bon vent, et une fois-là, on peut obliquer vers l’ouest pour aller tout droit vers la Polynésie,….

Pour l’ouest, c’est bon, le courant porte dans cette direction et, ça, c’est tant mieux, c’est la route, mais on a un peu de mal à tenir le cap sans se faire chahuter…. On est donc au près- bon plein, autrement dit dans « la lessiveuse » comme elle appelle ça le mousse et comme elle est malade, le mousse, elle reste coucouche panier papatte en croix, vautrée comme une grosse otarie sur les coussins du carré, la tête des grands boudins et l’estomac à l’envers pendant 4 jours… Beurk ! Mais pas question de changer de stratégie, on a reçu un message alarmant mais prévisible des Kouunji quelques jours avant de quitter San Cristobal « 100 miles des Galápagos à l’ouest, conditions épouvantables ! », on comprend qu’ils ont sans doute obliqué trop tôt – 03° S -… Donc, on tient bon et on mange les croissants au jambon-fromage achetés en quantité avant de partir et facile à grignoter et on prend des ris …

Le 4ème jour, à 4°45’S et 094° 52’W, à minuit, on touche enfin le vent attendu, pas encore tout à fait Est mais déjà SSE ! On est travers, ça fait toujours beaucoup de bruit dans les coques mais les conditions de vie à bord sont bien meilleures, d’un coup, on est à plat et on trace sans presque plus d’à-coups ! Du coup, on se décide à changer de cabine et à dormir coque au vent, de ce côté-ci, on n’a moins de bruit, c’est déjà ça de gagner…L’un des avantages du cata….

On constate vite que dans cet océan, le vent est stable et conforme en direction à ce qui est annoncé dans les fichiers météo, dans les pilots charts et partout ailleurs, mais pas en vélocité. Concrètement, ça donne ; le capitaine est au poste de barre, il regarde les appareils : 15 nœuds de vent réel, il descend dans le carré – une marche ! - et bougonne tout haut « 15 nœuds de vent réel, merde, fait chier, on n’avance pas, on se traine le cul, faut larguer le ris », il remonte au poste de barre – une marche-, et lit sur les mêmes appareils : 22 nœuds de vent apparent ! Et c’est comme ça jour et nuit, pas 12h de suite à la même allure, à la même force, vu que quand on avance vite, on se retrouve « travers », et quand on avance pas vite « petit largue », voir « grand largue »... Le capitaine, évidemment, à 22 nœuds de vent, il est content parce que ça avance, le mousse, elle, est moins enthousiaste, parce que c’est elle qui fait la zouzou sur le roof pour les manœuvres de voile… et 15 nœuds, on a tout dessus, alors que 22, on prend 2 ris dans la Grand-voile et 1 dans le génois.. et pis, le mousse, elle dit que de toute façon, on en a pour un moment à être là, alors 18 ou 22 nœuds, y’a pas mort d’homme ou de marin, comme on veut…Le capitaine, lui, bougonne tant et plus dès que le vent faiblit, y’a rien à faire, on le refait pas…

Du 5ème au 10ème jour, on passe les jours à regarder la flèche du vent tournée doucement à l’Est – Yes ! -, et l’anémomètre monté jusqu’à 27 nœuds et même une nuit à 35 en rafales! Heureusement, les deux combinés font qu’on est maintenant entre petit et grand largue, ça fait toujours autant de bruit mais le bateau est à plat et file sur les vagues avec quelques surfs bouillonnants et impressionnants ! Quant aux tentatives de naviguer avec le spi asymétrique, elles s’avèrent douteuses, le vent est trop fort et trop instable, on risque la déchirure, alors, à regret, on boucle le code D dans la soute avant Bâbord, en attendant mieux ! Comme d’hab, les nuits sont calées, le mousse de 19 à 3h, le capitaine de 3h au matin, et maintenant que le mousse peut lire et écrire, les quarts sont plus courtes et moins fastidieuses pour elle… Elle rattrape son retard et lit tout ce qui est disponible à bord …

Le 10ème jour, on franchi les 1500 miles nautiques parcourus, alors, on pète une bouteille de vin et un bon bocal de poulet coco, parce que, la moitié du trajet réalisée, ça se fête ! Et pis, le capitaine s’est lancé dans de grands calculs : à cette allure, et à 6.5 nœuds de moyenne, on devrait faire la traversée totale en 18/19 jours…. On est content…et ça s’arrose aussi !

Les conditions météo évoluent à partir du 11ème jour : le ciel bleu, la mer belle, et la grande houle du Pacifique très longue et très basse, tous ces éléments tendent vers la même conclusion : y’a plus de vent ! On navigue avec 5 et 10 nœuds de vent réel, avec une poussée épisodique à 14 la nuit et encore, pendant 15 minutes, et au grand largue ! On ressort donc le code D qui reste gréé jour et nuit à défaut d’autres solutions plus rentables… On y gagne grandement en confort, pas de baume qui tape dans les haubans, pas de génois à régler, le bateau est à plat… Et on attend ! Evidemment, pour le capitaine, ça va pas, mais alors pas du tout, du tout, le vent, trop faible à son gout, le rend de mauvaise humeur, chonchon, chafouin, bougon, bref, désespéré…. Il regarde donc, tous les jours, les modélisations météo qu’il avait stocké avant de partir des Galápagos et ne peut que constater l’impossible réalité pour lui : la zone sans vent que l’on traverse n’existe pas ! v’là aut’chose ! On devrait avoir 25/30 nœuds, en vent caïman arrière… Mais il est où, le vent, alors ? À cette allure – on abat moins de 100 miles par jour ! -, c’est plus 19 mais 26 jours qu’il faut pour arriver de l’autre côté ! Catastrophe….

Et pis, comble de malheur, y’a aussi les poissons qui ont disparu : le capitaine a beau changé les leurres, mettre des poulpes jaunes ou roses, des gros ou des petits poissons… y’a rien à faire, pas une touche, rien, à part les volées de poissons volants… Et malgré la visibilité et l’état de l’océan, qui sont tout à fait appropriés pour faire de belles observations, on ne voit aucuns signes de vie, ni baleines, ni dauphins, ni oiseaux, rien de rien… Pour le mousse, c’est le grand panard : elle peut lire toute la journée et toute la nuit, regarder les étoiles, vautrée au poste de barre, faire des gâteaux et du pain sans mal au cœur, les deux pieds à plat… Un vrai bonheur, des conditions incroyablement confortables… Et ça va durer jusqu’au 15ème jour….

Les 16ème et 17ème jour jusqu’à 18h, tout change, la mer est très creusée, la houle forte et haute, les vagues déferlent, l’océan est plus blanc que bleu, les nuages se succèdent, et on a 3 ris dans la Grand-Voile et dans le génois… en deux ans de navigation, c’est la première fois que le mousse passe la bosse de ris dans cet anneau-là, mais là c’est pas du luxe, on a entre 17 et 35 nœuds de vent pendant 24h, puis entre 14 et 22 nœuds avec des rafales à 26, le tout au travers … du coup, on aligne 163 puis 165 miles en ligne droite ! Le capitaine a donc retrouvé le sourire, le mousse n’est plus malade, alors, on peut pas dire qu’elle rigole mais au moins, elle fait pas la gueule !

Ça tombe bien que le vent revienne parce que l’équipage commence à fatiguer un peu… il est d’accord ; en comparaison de la Transatlantique :

• la navigation est plus rude : il faut être vigilant tout le temps – pas question de dormir pendant les quarts contrairement à ce que l’équipage a entendu depuis des mois d’autres qui n’ont pas dû faire la TransPacifique…, les manœuvres de voiles sont fréquentes et souvent revues-,

• l’observation est moins riche : pas de dauphins, pas de baleines, …

• la pêche est inexistante, du coup, on enchaine les conserves et la trilogie implacable thon en boite-saucisses en boite-jambon en boite !,…

• la vie se fait à l’intérieur : on squatte le carré et non plus le cockpit, à cause des vagues qui mouillent souvent l’arrière, et on oublie les siestes sur le roof…

• ça commence à être long, on est à presque 3 semaines d’océan, de grand bleu, de grandes vagues, et de grands bruits….

Bon, mais il sera dit qu’on n’a rien sans rien, que Paris ne sait pas fait en un jour et que toute peine mérite salaire – le mousse en a encore plein des comme ça, vous en revoulez ?!-, donc, bref, le 17ème jour, à 18h, le vent repart encore une fois… Y’a rien à faire, on devrait avoir force 4/5 et il y a 0% de calmasse sur ce secteur, à ce qu’ils disent les pilots charts, et aujourd’hui, on a 5 nœuds de vent et une mer plate comme une limande ! Du coup, le pilote automatique ne pilote plus rien du tout et le code D ressemble à une grosse outre mollassonne et avachie.

Le 18ème jour, on est bien obligé de faire tourner les moteurs pour avancer un peu, et un peu est le bon mot : 28 miles en 7 heures, c’est pas glop! Pour donner du baume au capitaine, le mousse fait bien des crêpes au petit déjeuner, mais, faut pas se leurrer, ça va pas suffire si cela dure … C’est tellement rien le vent qu’il y a, qu’à 19h, on met en panne, on bloque la barre et on va se coucher… 2 fois dans la nuit on tentera de remettre le code D mais, à chaque fois, le vent s’enfuit au bout d’une heure… 24h à ce régime là usent les nerfs du capitaine et permettent au mousse d’avaler deux énormes bouquins… !

C’est le19ème jour au matin que cela s’arrange : on est plein vent arrière ; après plusieurs essais de gréement, un coup à Bâbord, un coup coque au vent, un coup à Tribord, le code D et le génois sont finalement mis en ciseaux, et on avance à 6/8 nœuds avec 15/17 nœuds de vent, bien établi et une mer généreuse : la houle du Pacifique pousse Contre-Temps tout droit, le soleil est là… ça mérite une autre tournée de crêpes pour l’équipage, et oui, on s’habitue bien aux bonnes choses…. Les calculs sont refaits pour la nième fois : on devrait voir les Gambier dans 3 jours !

Il en sera presque de même le 20ème jour, le vent est ENE ( ????), on est entre vent arrière et largue, sous génois une bonne partie de la journée puis sous code D. Le vent joue encore à se défiler ; un coup 11 nœuds, 2minutes après, à 17, il est difficile d’être serein, alors on surveille les voiles et l’anémomètre comme le lait sur le feu, jour et nuit ! On mettra le génois pour la nuit, histoire de jouer la sécurité…Encore deux jours de nav….

Le 21ème jour, après le xième calcul, c’est clair, on doit ralentir Contre-Temps si on ne veut pas arriver de nuit dans la passe de Mangareva… ça devient une habitude, à chaque arrivée de grande navigation, on perd une journée et une nuit à faire des ronds dans l’eau … mais on a décidé, quand même, de ne pas changer de stratégie ; elle a toujours été payante. D’abord, arrivée de jour, c’est voir la terre se profiler de loin et apprécier ce moment à sa juste valeur et on se dit que ce coup-ci, après 22 jours de grand bleu, on va l’apprécier ce moment-là ! Sentir les odeurs végétales, respirer le vent qui se réchauffe, reprendre aussi pied avec la planète, tranquillement… Ensuite, les arrivées de nuit ne sont pas du gout de l’équipage, trop de risques, trop d’emmerdes potentielles…. Encore plus ici avec les fonds souvent mal cartographiés, c’est pas le jour de se manger une patate de corail… Alors, on grée juste le génois format string, en regardant l’anémomètre et en se disant que cela fait plusieurs jours que le vent est plutôt calme, alors ça devrait aller… et c’est le cas jusqu’à midi ! D’un coup, le vent pousse ses 30 nœuds en réel, il tourne carrément Nord, du coup, on enroule vite fait le reste du génois et on attend… On avance à 7 nœuds – c’est pas vraiment ce qu’on veut !-, et ça va durer 2 heures ! Quand le vent mollit, on a dévié de la route et la mer est travers avec une houle bien formée… Allez, une dernière fois, on hisse la Grand-Voile, avec 3 ris dedans et on remonte au bon plein ! On croit rêver, du vent plein Nord ici, limite au près, avec des creux de 2.5m et une grande houle qui fait peur quand on est sur le roof à batailler avec la fermeture éclair du easy bag qui refuse obstinément de s’ouvrir ! Ce n’est que vers 19h30 qu’on est de nouveau sur la trace prévue – vaut mieux si non, on se prend l’atoll en pleine face ! – et la dernière nuit de quart commence … Tout va bien jusqu’à 4h30, si on considère que le mousse est un peu tendue comme à chaque arrivée, et que le capitaine, lui, est excité, comme d’hab., parce que les atterrissages, il adore ! D’un coup, alors que le mousse dort depuis 1heure, un énorme grain vient surprendre le capitaine, 35 nœuds de vent établi, des rafales à on sait pas combien parce qu’on n’était pas fier et qu’on n’a pas pensé à regarder l’anémomètre, et une grosse averse… Le tout dure 45minutes et puis, plus rien, comme si de rien n’était, on se retrouve avec une mer d’huile, 0 vent, 0 nuages …

On finit donc au moteur les dernières 6 heures de navigation. On prend le temps de rester le nez en l’air, à humer l’atmosphère comme Sika - et à espérer qu’aucun grain ne viendra perturber la première entrée de Contre-Temps dans un lagon polynésien - !

Le capitaine sent les effluves de la terre, le mousse, elle, a l’odeur du wasabi dans le pif: un mélange de vert et de piquant…, quant au chien, et bien, pour tout vous dire, on sait pas…

Le spectacle est magnifique, on voit des centaines de verts différents sur les pentes des monts qui parsèment les différents ilots du lagon, peu de cocotiers, mais des pins et des mélèzes, qui courent le long des cols et des crêtes, une multitude de fermes perlières sur pilotis, des pécheurs déjà au boulot qui saluent l’équipage, avec de grands sourires….On suit le chenal balisé par des bouées et des piquets, on a choisi la passe du Nord-Ouest pour entrer à cause de ça…. Au bout de la route tracée dans le lagon pour les bateaux, le mouillage apparait, juste devant le village de Rikitea, au cœur de l’ile de Mangareva… On voit vite le petit bourg coloré et la cathédrale qui sert d’amère et laisserait pantois n’importe quel navigateur tellement elle est anachronique dans ce paysage ! C’est alors que la VHF crépite et sort l’équipage de sa contemplation ; et on entend « Contre-Temps, Contre-Temps, pour Kouunji et Bohemia, Contre-Temps, pour Kouunji et Bohemia, vous êtes là ? » Magie du moment, les premières voix que l’on entend depuis 22 jours sont celles de zamis … instant de pur plaisir !

A 10h30, on met l’ancre dans 17m d’eau, à bâbord de Kouunji et Bohemia

S 23°06’913

W 134°58’017

escorté par les Ninjas, venus faire la fête à l’équipage…

Plusieurs fois aujourd’hui, l’équipage, s’est dit

« On l’a fait,

on a traversé le Pacifique, avec notre petit cata,

on est en Polynésie,

c’est beau ici,

on l’a fait,

ça y est ! »

 

 

Les évènements de notre TransPacifique, 2ème partie

Les stars de l’équipage

• Les nuits du Pacifique sont incroyablement belles, des milliards d’étoiles, quelques-unes de filantes, une voie lactée démesurément grande… Spectacle unique, renouvelé toutes les nuits, même sans Lune et une variante de taille par rapport aux nuits d’Atlantique et de l’autre hémisphère : la Lune ainsi que la Grande ourse sont à l’envers !

La Chandeleur en mai

• Recette des crêpes Contre-Temps

Ingrédients : +/- 250 gr de farine de Panama 3 œufs des Galápagos ½ litre de lait des Galápagos également 1 pincée de sel de Colombie 1 cuillère d’huile d’olive de Bonaire 22 nœuds vent apparent, au travers 2m de creux Vitesse du bateau 10.2 nœuds

Mélanger les ingrédients, faites chauffer la poêle achetée à Panama City, mettre une louchette de pâte à crêpes dedans, posez sur le gaz, attendre 30s que les mouvements du bateau étalent harmonieusement la pâte au fond de la poêle, laissez cuire, ne pas faire sauter – ça c’est vraiment risqué !-, déposez dans l’assiette installée tout prêt, mangez immédiatement avec soit du sucre de Colombie, soit du Nutella de Curaçao, soit de la confiture d’ananas de la Barbade, au choix… Régalez-vous !

Evidemment, pour Kouunji cela n’aura rien d’exceptionnel – spéciale dédicace à son capitaine ! – mais pour l’équipage de Contre-Temps, c’est délicieusement unique !

Les meddia nocche de Sika

• D’un coup, en plein sommeil, la nuit, Sika le chien matelot sort comme une furie du carré, fait le tour du bateau et rentre genre « non, non, j’ai rien vu, j’ai rien fait, j’ai rien…. » ! et ceci, même quand les vagues tapent fort et que le bruit est assourdissant… En fait, toutes les nuits, des poissons volants gros comme des bananes, viennent s’échouer sur le pont… Sika a une oreille de lynx….et en fait son gouter de la nuit, en commençant par la tête, ce qui semble être meilleur !

La honte du mousse

• Avant de partir des Galápagos, le mousse a envoyé 2 mails à ses deux grands garçons chéris pour leur souhaiter leur anniversaire de façon anticipée, puisqu’elle serait en mer à ces moments-là, gentille maman, non ?! Elle s’est juste gouré dans les envois et les dates, souhaitant à Alexandre l’anniversaire de Quentin et inversement…. La honte, mauvaise mère que tu es !

Les affairements de l’équipage

• L’équipage continue studieusement ses cours de philo : ce coup-ci, c’est le XVIIème et les philosophes baroques : Pierre Charron, le premier catholique - laïque, Saint Evremont, le baroque, la Motte le Vayet, l’hédoniste sceptique, Gassendi, le curé épicurien et Cyrano de Bergerac, le panthéiste merveilleux. Spinoza conclut l’année. On est souvent obligé de mettre le son à fond mais on s’y tient, faut quand même pas naviguer idiot ! La troisième année de philo dispensée par Michel Onfray à l’Université Populaire de Caen est donc close, laissant l’équipage dans de multiples questionnements à propos du baroque philosophique, des libertins libertaires, du pliage de Deleuze, et de la scolastique….

Mimi cerfeuil est de retour - cf. La grève de l’hôpital de Mini cerfeuil dans la cahier de bord 1ère la TransPacifique 1ère partie -

• Le cercle vomitif du mousse commence après le petit dej du 2ème jour, par un effet bouillac, qui provoque le premier « rejet », du coup, pas de déjeuner, pas de diner, mal à la tête, migraine, deuxième rejet de rien, pas de petit déjeuner, troisième rejet de rien, etc.etc. Ça s’arrête après 3 bananes avalées d’un coup et rejetées aussi sec mais un grand verre d’eau gardé puis une banane gardée, puis un verre d’eau gardé puis un petit dej etc.etc.le 5ème jour !

2 ris pour la 12, 2….

• Vue la vélocité changeante du vent, on a opté pour naviguer, le plus souvent, avec 2 ris dans la Grand-Voile et jouer avec l’enrouleur du génois. A 18 nœuds, ça parait trop mais au près-bon plein, c’est le confort absolu en terme de sécurité. On la joue comme ça ce coup-ci, parce que, comme disait l’autre « qui va loin, …. »

Les calamars à la chaine

• Constats : ça pue dans la salle de bain, ça pue dans la cabine avant Tribord, et ça pue le nioc-man un peu partout à l’avant, autrement dit « le poisson pourri » …

• Question : qu’est-ce qu’il se passe ?

• Réponse : des calamars se sont suicidés dans la baille à mouillage, et ils sont en pleine décomposition…..

• Conclusion : calamar qui pue, mal au cœur en vue !

Les pétrels gloutonnent

• Un duo d’oiseaux tourne autour de Contre-Temps depuis 2 – 3 jours. Comme ils sont beaux, on cherche dans le livre à zoiso ce que ça peut être. Ils ressemblent beaucoup aux pétrels de Douglann, qui circulent dans l’Atlantique : avec des plumes dépassant les pattes arrières, en plumet, presque… Soit elles ont changé d’océan en clandé, soit c’est des cousines du 2eme océan ?!

D’où qu’elles viennent, on prend le temps de les admirer, quotidiennement, venir faire leur ronde autour des voiles…

Un soir, en remontant les traines, le capitaine commence à mouliner des bras « va-t’en bête », qu’il crie ! L’une des pétrels a jeté son dévolu sur l’un des leurres ! On se magne parce que le capitaine, il a déjà péché des mouettes et si elles s’accrochent, le temps de les remonter, elles sont noyées… et une fois mortes, c’est dégueu. à bouffer ! Pas démontée, la pétrel vise le deuxième leurre ! Elle plonge en piqué, très précise, comme un kamikaze et le capitaine a juste le temps de ramener la traine d’un coup sec. Il chipe le leurre dans le bec de l’oiseau.

Comme vexé, le binôme tourne des ailes et file à l’Est, bredouille !

La grenouille de Nino

• En tenant compte des gaz du capitaine – Cf. Cahier de bord : notre 2eme TransPacifique, 1ère partie-, et de l’inaptitude chronique du mousse à comprendre ce qui touche aux pressions, aux tensions et autres « ssions » imbuvables, Gillou, la grenouille préférée et unique de l’équipage, a quand même réussi à lui faire comprendre les effets de Nino sur le climat, notamment dans le Pacifique Sud, et pour la saison 2014/2015. C’est facile : il en va de la couleur des yeux et de la petite culotte de la prof de sciences naturelles de 6ème, ainsi que du nombre de paramécies et de leur aptitude à se goinfrer ! Clair, non ? Bref, Contre-Temps devra remonter, par les Tuamotu, aux Marquises, pour s’y tenir peinard, entre décembre 2014 et mars 2015, saison des cyclones de ce côté-ci de la planète ! Ça nous va comme programme….

Les dessins à déchiffrer…

• Vous vous souvenez de ce jeu où des dessins étaient cachés au milieu d’une myriade de points numérotés, dessins qui ne se découvraient que lorsque nos mains de petits réussissaient à relier ces fameux points par une ligne malhabile et par ordre croissant – ou décroissant pour les finauds ! - ?

Les nuits claires, quand elle ne dort pas pendant ses quarts - !!!- entre 1 et 3h du matin, le mousse joue : elle rejoint les étoiles entre-elles et dessinent, à des milliers de kilomètres de la Terre, des zanimos, des formes, des arabesques, des objets, des paysages! Le jeu est plus facile, car la seule limite est celle de l’imagination et non celle, cloisonnante, des séries numériques mais quelques fois à recommencer, à cause des étoiles qui se défilent et filent …. Farceuses….

Zim, Bam, Boum, Vlan, Bing, Bang…

• A certaines allures, le bateau devient une caisse de résonnance à tout et c’est le corps qui trinque et la tête qui s’embrume. Les sens sont rois : des roulements de tambour, des grognements, des grincements, des sifflements, des bourdonnements, des coups, des claques, des cliquetis, mettent toute l’ouïe en éveil, tendue, attentive ; les vibrations, les chocs, les balancements, les bercements, eux, mettent le corps aux aguets, en attente, sur le qui-vive.

Couché sur le ventre, et selon la force du vent et des vagues, on ressent dans l’estomac quelque chose qui varie entre le palpé-roulé réalisé par un masseur turc sorti accouplé avec un sumotori et les patchs avec électrodes pour maigrir, mais avec un courant trop fort et, sur le dos, on peut être entre le choc de l’auto tamponneuse et 2 h à l’arrière d’une Coccinelle….

Quand le vent et la mer s’allient dans la mesure et la tempérance, d’un coup, tout se calme et tout se repose….Les sens s’apaisent, même si, et cela est très injuste pour le repos du marin, ils restent quand même aux aguets…

Les lectures du mousse

• Puisqu’il y a des heures à tuer et que son estomac lui fout la paix, le mousse a repris ses lectures, tandis que le capitaine dévore des DVD … qui le laissent toujours hermétique au cinéma actuel…

Le mousse conseille à son papa, fan de bons polars : « Le chinois » d’ H Nankelle ( merci Hélène), « Leviatemps » de M Chattam, et « Assassins et poètes » de Van Gulik

Le papa du mousse lui avait conseillé « Le testament syriaque » suivi de « Arabian Triller » de B. Salamé, polars historico-théologiques, le mousse a adoré le premier, moins le second, mais deux jours après avoir fini, elle en rêvait encore…. Et aussi « Vendetta » de R.J Ellory : grand moment, un Ovni du polar, mixte du Parain et des Soprano, sur les 50 dernières années de cette planète, et du même auteur « Les anonymes », en cours…

Pour passer le temps, mais pas plus : « Histoires de fines mouches », collection « le livre noir du crime », nouvelles de filles, un peu datées, et vraiment quand il n’y a plus rien à lire « Hemlock » de G Wittkop, “Objectif Paris” de R Ludium et G Lynds

Le capitaine devrait être content de ne pas entendre le mousse papoter, mais non, il raloche encore parce que le mousse, quand elle a fini un livre, elle le lui raconte… Il dit que c’est pire que quand elle mouline des mots ….

Les zartistes et les Ninjas sont avec nous !

• Comme font les zamis aux zamis, les équipages de Bohémia et de Kouunji ont été au petit soin avec celui de Contre-Temps : à peine arrivés, nous avons eu à bord les deux équipages, pour faire des bisous et commencer à raconter les aventures de chaque bateau, puis un pamplemousse géante, des œufs et des bananes et le soir même, un bon diner tous ensemble sur Kouunji, arrosé au punch et au camembert Président ! Une vraie bonne soirée…

Cahier de bord : notre 2eme TransPacifique, 2ème partie
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Publié dans Cahier de bord

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F
Bravo les amis pour cet exploit !!! Ça... c'est fait !<br /> Il ne vous reste plus qu'à profiter et apprendre à danser le Tamouré pour faire couleur locale !
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E
Vous ne saviez pas que ce n'était pas possible alors vous l'avez fait.<br /> Formidable, formidable , vous êtes formidables.<br /> Amitiés Yves.
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M
&quot;Iaorana&quot; les Contre-Temps. Bravo. Vous l'avez fait et on vous admire. Sommes au Havre où nous profitons d'un temps merfveilleux (pour l'instant). Au programme de l'été, opération d'un genou puis retour au Marin en fin d'année pour retrouver Mathusalem qui est tranquillement mouillé sur bouée. Grosses bises à vous trois.<br /> MH &amp; JL.<br /> PS : vous avez une mine splendide sur les photos.
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R
Beau commentaire contente de vous savoir arrivés Profitez bien entre boat pote.<br /> A Nîmes grand beau et chaud comme sous les tropiques <br /> Bisous et caresses à Sika
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M
Félicitations! Chapeau bas! Qu'est-ce qu'on se sent minables dans notre canapé à regarder le premier match de la coupe du Monde!!!
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