Cahier de bord : Colombie : Isla Grande, Archipel de Rosario, toujours en clandé

Publié le par Equipage Contre-Temps

Ou

Le mouillage introuvable trouvé

Quatrième arrêt : Isla Grande, dans l’archipel des Rosario, à 25 miles nautiques de Cartagena de Indias.24 iles, souvent attendues avec impatience par les voileux, après la « grande ville ». Ici, eau bleue, calme, nature, pécheurs devraient être au rendez-vous… L’Armada nacional n’est pas venue voir l’équipage, allez on dégage !

Contre-Temps part à 7h00 de Cartagena de Indias et passe le mur dans l’autre sens à 7h30…. Avec la grande voile haute et le spy asymétrique de concert, ça part bien … jusqu’à ce qu’à 9h30, le vent ne tombe…. et ne vire au sud avec une houle d’Est ! L’équipage garde la GV haute bordée plat, met en route les moteurs et roule ma poule vers l’eau qui redevient bleue au nord de Isla Tesoro

N 10°17'840

W 075°42’825

Le dessalinateur est enfin remis en service, il était évidemment en black depuis la punta Hermoso – pour ceux qui savent pas, un dessalinateur dessale l’eau de mer, il aime donc le sel mais il a horreur du sable, de la gadoue, des herbes, des polluants genre hydrocarbures etc. ; une bébête sensible, donc, qu’il faut maintenir en état pour le Pacifique !

Après 4h50 de nav. pour 25.7 miles nautiques parcourus – c’est pas la nav de rêve, c’est sûr-, à 5.3 nœuds de moyenne, Contre-Temps se pointe devant l’un des multiples ilots de l’archipel de Rosario… La carto est en route, celle de secours aussi, plus celle laissée par Banik sur son site, une carte introuvable aujourd’hui, crayonnée à la main, qui indique les positions et les mouillages possibles sur Isla Grande –Merci qui…. Merci Banik , une mine d’informations pour les mouillages! -. 

Cahier de bord : Colombie : Isla Grande, Archipel de Rosario, toujours en clandé
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Cahier de bord : Colombie : Isla Grande, Archipel de Rosario, toujours en clandé

Banik écrivait déjà en 2006 « Sur l'extrait de carte ci-dessus les points rouges et verts représentent les piquets de la passe d'entrée au mouillage. Les points mauves représentent des endroits où il est possible d'aller mouiller. Certains coins semblent inaccessibles si on se fie à la carte. Et pourtant... Beau terrain de jeu pour qui a une âme d'explorateur et un petit tirant d'eau ».

La question qui se pose donc maintenant est « est-ce que le capitaine et le mousse ont une tronche d’explorateurs, en plus d’en avoir l’âme- concept bien indéterminé s’il en est- ? »

Première étape : l’équipage opte pour la route passant à l’ouest de l’Archipel, même si les conditions météo sont excellentes ! Y’a pas de mal à se faire du bien et tant pis pour la légende….

Deuxième étape : recherche des bouées ! on regarde la photo, on regarde l’entrée du WP indiqué par Banik, on re regarde la photo, on re regarde l’entrée du WP indiqué par Banik, OK : PAS DE BOUEES, PAS DE POTEAUX !

« Merde de merde fait chier putain con chiotte »

se dit l’équipage….

Troisième étape : on en discute deux secondes et on décide d’y aller quand même, à 3m de fond au sondeur, on s’arrêtera !…Le mousse à l’avant, le capitaine aux moteurs doucement, doucement… c’est bleu, le soleil n’est pas de la partie mais on voit bien le fond… assez au fond…. Le sondeur indique entre 2.80m et 7m sous le quillon, c’est bon, ça passe.

Quatrième étape : où mouiller ?

Cinquième étape : des pécheurs arrivent et font de grands signes, il faut les suivre vers un mouillage sûr car le vent peut virer et forcir….

Sixième étape : à midi pétante, l’ancre est mouillée par 7 m de fond, sur du bon sable, dans une alcôve bien protégée de la mer et du vent, des moustiques mais pas nécessairement des problèmes !

 

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« Pourquoi donc des problèmes ? » direz-vous au mousse et que vous avez raison de poser la question… Et bien parce que une fois tout rangé et en pleine négociation pour l’achat de langoustes toutes fraiches avec les dits pécheurs, en tournant la tête, l’équipage s’aperçoit qu’il est mouillé juste devant … devinez quoi… juste devant l’armada nacional !

bis répétita ! trop fort !

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L’excuse re adaptée va peut-être bien servir plus tôt que prévue…

re bis répétita ! re trop fort !

« Le mousse et le capitaine attendent que le vent revienne pour aller aux San Blas. On est allé à Cartagena de Indias en bus, à partir de Santa Marta, on est resté une journée de plus à la Punta Hermoso, on veut partir, on s’arrête pour une ou deux nuits, et ensuite, on repart promis et puis l’armada nacional a inspecté le bateau et tout est ok, voilà le papier» ! On comptait, ici aussi, passer inaperçu, c’est raté ! Du coup, on prend les devants, on troque les langoustes et le crabe géant contre dix dollars us et une bouteille de rhum de Cuba vite fait bien fait, l’annexe est mise à l’eau en deux temps trois mouvements, et voilà Sika qui saute déjà sur le ponton de l’Armada, limite « je t’arrose les pieds du commandant » et « je fais pipi sur les plantes du commandant »… houps ! Le capitaine demande si « ça ne gêne pas de rester mouiller devant leur ponton pendant un ou deux jours ? », le commandant dit « pas de soucis, bienvenue » ! C’est fait, on y est pour deux jours « et ensuite, on repart promis! » Discret comme emplacement, non ? Bref ! Passons !

Contre-Temps a un peu affiné les WP laissés par Banik, voici sa trace et le site de mouillage – ne pas se fier aux profondeurs indiqués sur les cartes mais au sondeur, sous le quillon, entre 2.80m et 7m,! -

 

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Et l’endroit est superbe…

 

 

Cahier de bord : Colombie : Isla Grande, Archipel de Rosario, toujours en clandé
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Juste un peu perturbé à l’heure du déjeuner par de gros taxi- boat chargés de bonhommes et bonnes femmes – ou de mauvais hommes et de mauvaises femmes, va savoir Charles ! - avec casquettes et gilets de sauvetage, un peu nauséeux pour certains – ça se voit, ils sont vert d’eau et ont perdu tout leur bronzage!- , qui viennent avaler langousta et pesca fraîchement péchés dans le petit restaurant qui domine l’entrée de la passe ! – Voilà, on va pas s’endormir idiot, maintenant, on sait où les taxis-boat vont quand ils bombent, à fond les ballons, dans la baie de Cartagena de Indias vers 11h et vers 16h, en rendant le mouillage nauséeux lui aussi ! -

L’eau est un peu trouble mais elle est chaude et l’équipage au grand complet en profite allègrement, avec un plaisir non dissimulé ! Plouff, et re plouff, en compagnie des frégates à gorge rouge, des perruches, des rapaces et des péliploufs qui sont encore là ! Bon, maintenant, au tour du mousse, qui a, elle aussi, une petite question : « comment qu’on fait pour connaitre et assurer le déjeuner du lendemain sans effort et sans magie ? »

tic, tac, tic, tac….

Et ben on le fait grâce au capitaine qui dépanne un pêcheur de langoustes qui n’a plus de bougie ! Ça, c’est fait ! et ça tombe bien, on n’a plus beaucoup de pésos colombiens !

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Nuit paisible, calmasse reposante, ballade à terre au programme de la deuxième journée ! L’annexe est déposée devant le ponton de pécheurs, l’un d’eux s’improvise gardien pour 5000 COP – rappel, 1000 COP = 0.38 €- , un autre, Manolo, guide touristique. C’est un grand gars bien bâti, amoureux d’une vénézuélienne mais pas marié – parce que ça lui coute trop cher -, sans chaussures, souriant, qui appelle le chien « Chika »- et Sika répond ! – et qui se gratte les oreilles avec des brins d’herbes ! –Manolo, pas le chien ! -

3 heures sur les sentiers ombragés de l’ile, une humidité maximale, pas de voitures, pas de routes, un gros village, pas d’eau douce, des chiens un peu faméliques, des enfants qui jouent, des saluts plutôt sympathiques, Manolo parle de son ile, des iles privatisées par des canadiens et des riches de Bogota, de l’ile du président de la république, juste en face, des 750 habitants, de la coupe du monde de football, de l’école, du collège, des 5 hôtels qui ne font pas vivre les iliens mais les cartagenero qui viennent tous les matins de la « ville » en taxi-boats - Voilà, on va pas s’endormir idiot non plus ce soir, maintenant, on sait où les taxis-boat vont quand ils bombent, à fond les ballons, dans la baie de Cartagena de Indias à 6h du matin et à 20h, en rendant le mouillage nauséeux lui aussi ! –il cueille une énorme papaye et prépare une noix de coco pour l’équipage et promet qui si le capitaine était resté plus longtemps, il lui aurait appris le colombien, en l’invitant chez lui !

 

Cahier de bord : Colombie : Isla Grande, Archipel de Rosario, toujours en clandé
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L’équipage rémunère Manolo qui n’en demandait pas tant – 6000 COP , la fin de sa fortune, et une bouteille d’eau payée 5000COP au bar d’un palace de l’ile ! indécent, non ?– , mange ses 9 langoustes – faut pas gâcher- puis se prépare à quitter la Colombie mercredi matin – faut pas exagérer, là, il va nous arriver une tuile à force de …-.

Comme la météo n’est, à priori, pas avec Contre-Temps : pas de vent, ou vent d’ouest (sic !), calmasse annoncée pour les 6 jours à venir… et que les San Blas sont à 136 miles nautiques…

et bien… ça pue la moyenne à 3 noeuds !

Il semblerait donc que les San Blas se fassent un peu désirer… sans doute est-ce la façon dont la déesse de l’administration exprime sa désapprobation quand à la fâcheuse tendance qu’a l’équipage à se mettre en infractions avec les règles douanières… En effet, celui-ci sera, là aussi, et encore, clandé : la faute à l’ile de Porvenir, « capital » des San Blas et lieu de la mise en conformité des bateaux arrivant sur le territoire panaméen – douanes et immigration-, qui est la dernière des iles des San Blas – ou presque -, la plus à l’ouest du parcours de Contre-Temps avant l’entrée dans le dédalle du Canal. Le bateau et son équipage y feront donc leur entrée officielle en n’en sortant, après deux mois de présence sur le territoire! – c’est mal !- ….

« Bon, mais moi j’dis ça j’dis rien » comme dirait Lolo – spéciale dédicace….

PS : Ce que l’équipage a vu de la Colombie et des colombiens est magnifique, multiple, métissé, avec une variété géographique unique et c’est la première fois, en 18 mois, que le mousse regrette de ne pas aller plus loin dans cette découverte de l’autre. Limite du voyage en bateau, soumis aux saisons cycloniques et à la caisse de bord ! première encoche…

Publié dans Cahier de bord

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