Cahier de bord Cap Vert : le chantier dit « naval » de Mindelo

Publié le par Equipage Contre-Temps

Ou « ce que la fuite d’eau de mer dans la soute bâbord a appris à l’équipage »…

 

Donc, Contre-Temps prend l’eau par la soute moteur bâbord. Il a fallu mettre en route la pompe de cale deux fois sur 50 miles de navigation, en revenant de Sao Nicolau. La navigation a quand même été « une belle nav . » comme dit le capitaine, une jolie daurade coryphène – la plus belle péchée depuis notre départ - a servi de diner et de déjeuner…

ALBUM PHOTO SAO VICENTE LE RETOUR A MINDELO

Evidemment, Fountaine Pajot et notre vendeur sont aux abonnés absents, évidemment, Mathieu – notre cher technicien de la Rochelle- lui, est présent, il valide le diagnostic du capitaine : l’eau entre par le ber moteur : il faut sortir le bateau, démonter l’hélice pour pouvoir démonter la transmission – et perdre la garantie Volvo -, restratifier – voir stratifier tout court – le ber, remonter la transmission puis l’hélice…

Le capitaine n’est ni mécanicien, ni stratificateur – ne parlons pas du mousse qui n’est que…. Mousse...

 

Le bateau est sorti lundi 10 décembre, sur le chantier dit « naval » de Mindelo – chantier désaffecté il y a 3 ans mais laissé en semi fonctionnement après que la société espagnole qui avait racheté le terrain ait fait faillite - , par « l’équipe » de Mr Zéca – patron pécheur et « gérant » du « chantier », qui garde les « installations » en l’état pour ses propres bateaux -, la mécanique et la résine seront réalisées par Luis, le magicien, et le capitaine. Durée prévue : 1 à 2 jours.

 

Fountaine Pajot ne délègue personne, ne fait rien, ne donne pas de solutions mais s’engage, après moultes mails de relance, à nous rembourser les frais que nous aurons engagé « et nécessités par la réparation et sur factures- ce qui est un concept au Cap Vert - » comme ils disent!!!! La coque est garantie 15 ans, on croit rêver … Qui ose parler de SAV de Fountaine Pajot… Seulement son directeur, Mr Derché, qui ne répond plus à aucun de nos mails depuis le 7 décembre 2012, ni personne de chez Fountaine Pajot, ni personne de Canet Boat Plaisance, notre vendeur. Le capitaine prépare un article à ce propos ; qui veut et peut le diffuser sur le net, dans la presse et à qui veut bien le lire nous aidera de toute façon !

Tous les éléments sont vérifiables, prouvables, montrables.

 

Cependant, l’équipage, et surtout le capitaine, pas bégueules, avouent – même pas sous la contrainte- que cette fuite leur a été extrêmement profitable…

Ils ont appris à :

-          Décrire, par écrit, une situation difficilement explicable quand on ne connait pas la structure d’un bateau – pas de plans, aucunes indications sur le manuel du constructeur

-          S’acharner à envoyer des mails à Fountaine Pajot et à notre vendeur, Mr Rivas, qui ne répondent pas ou à côté des sujets, notamment celui de la garantie !

-          Rester serein quand, en se rendant au chantier identifié par Mr Derché comme étant celui qui peut faire la réparation, CABNAVE, – Mr Derché n’a jamais eu aucun interlocuteur au téléphone sauf une secrétaire qui ne parle ni l’anglais ni le français !-, le directeur commercial, Mr Patricio Silva, nous indique – en français- que son établissement ne traite que des unités en acier, qui font plus de 100 tonnes ! Quand il voit notre désarroi, il nous propose son aide pour contacter le chantier de Mr Zéca et nous assure de toute l’aide possible – Merci Monsieur Silva-

-          Débaucher Luis de ses activités pour l’embaucher à « notre » service, alors que celui-ci est sur le point de faire la Transat avec son patron et le bateau Tigara.

Luis, parlant le portugais et le créole, connaissant Mr Zéca, les ouvriers, la mécanique, le plastique, patient, calme, commençant ses phrases par « tu as raison, mais… », « tranquille » comme on dit ici et tellement efficace. Merci Luis, on se revoit de l’autre côté…

-          Construire un ber pour accueillir Contre-Temps et le remonter à terre

-          Echanger avec Mr l’Ambassadeur de France au Cap Vert, Mr Barbry, et son consul, - venus spécialement pour nous – à propos des agressions subies récemment par les propriétaires de voiliers et notamment l’assassinat de l’un d’entre eux sur ce chantier au mois de juillet, exactement où nous sommes ! Au « ici, c’est très dangereux, il ne faut pas rester, voici ma carte et mon numéro personnel, n’hésitez pas à me contacter, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, au moindre problème », l’équipage répond, sans sourciller et sans même montrer sa peur et son inquiétude – parce qu’il sait déjà tout ça -  « on prend un gardien ! » - BOFFFF L – Merci Monsieur l’Ambassadeur (non pas celui des chocolats, le vrai, celui du Cap Vert !)-

-          Faire confiance à l’équipe de Mr Zéca qui utilise un trans-pal. et des bouts de tubes en ferraille pour actionner le fameux ber et des plongeurs qui ressemblent à des personnages de BD

ALBUM PHOTO SAO VICENTE LE CHANTIER

-          Prier tous les saints de tous les paradis pour que Contre-Temps ne tombe pas du ber, ne rentre dans rien – genre épave, bateaux de péchoux, bouts, hommes… -

-          Démonter l’hélice

-          Dégager la transmission du moteur Volvo 30 CV

-          Respirer la poussière du ponçage du top coat posé au fond du ber

-          Ne pas se résigner lorsqu’il identifie qu’il n’identifie pas d’où vient cette putain de fuite d’eau de mer

-          Résiner dans la soute moteur- le mousse n’est pas sûr du mot mais le trouve joli ! -

-          Topcoater dans la soute moteur – le mousse n’est toujours pas sûr mais le trouve simplement drôle à dire ! -

-          Remonter lhélice

-          Repositionner la transmission du moteur Volvo 30 CV

-          Maitriser la bête – le moteur n’a plus de secret pour le capitaine

-         Rester positif quand il identifie que la quille tribord pisse de l’eau de mer à l’avant et à  l’arrière –PAS GLOP, ça c’était pas du tout au programme L

Message personnel du capitaine « Charles, tu m’as manqué ! »

-          Se re acharner à envoyer des mails à Fountaine Pajot, à notre vendeur, à l’ICNN, organisme qui certifie que les Mahé 36 sont conformes aux règles de stabilité et de flottabilité, qui ne répondent toujours pas! – trois fuites sous la ligne de flottaison, dans des zones identifiées comme étant des caissons étanches, y’aurait pourtant de quoi répondre, non ?

Et le  capitaine d’ajouter ici sa célèbre maxime « dans le nez c’est gagné, dans le cul, c’est perdu ! », traduite et apprise à Luis pour améliorer sa culture linguistique parisienne !

-          Caler Contre-Temps, sur des tous petits bouts de bois (sic !),un coup en avant, un coup en arrière, pour aider à évacuer l’eau de la quille – ce qui rend le repos impossible à bord –

-          Passer 4 jours à regarder la quille fuir

-          Comprendre que la résine et l’eau sont incompatibles – trois essais, trois échecs-

-          Caréner Contre-Temps sans karcher, à l’huile de coude

-          Trouver de jolies choses à regarder, quand même, dans ce chantier pourri, qui fait peur

-          Ne pas rester seul, loin du bateau, hors du bateau

-          Rester seul sur le bateau, échelle relevée

-          S’amuser du comportement des « visiteurs » du chantier qui, soit regardent ceux qui travaillent travailler, les bras croisés, avec un air très professionnel, soit prennent en note les numéros et modèles de nos hélices,- qu’ils croient en or malgré nos dénégations – pour le cas où ils trouveraient des acheteurs !

-          Regarder trimer un pécheur de ferrailles, bizarrement attifé, en souriant d’abord puis, en l’admirant presque ensuite. Du lever au coucher du soleil, pour 9 Escudos le kg – il en ramasse 20 kg par jour, soit 180 CVE = moins de 2 euros mais « sans patron, alors tranquille »

-          S’enfermer sur Contre-Temps

-          Boire quand même des grogues, à la nuit tombée, avec Luis, dans la crasse et la poussière

-          Ne pas dormir pendant 4 nuits et 5 jours

-          Résiner enfin la quille- le mousse n’est toujours pas sûr du mot mais le trouve toujours joli ! -

-          Topcoater enfin la quille – le mousse n’est pas plus sûr de celui-ci mais le trouve toujours simplement drôle à dire ! -

-          Dompter la stratification – la résine, l’accélérateur, le durcisseur, le mat, l’acétone n’ont plus de secret pour l’équipage

-          Poser l’antifouling, donné par le voisin, sur la quille. Il est rouge l’antifouling, pas le voisin qui est allemand, pas l’antifouling mais le voisin. On dirait que Contre-Temps saigne de la quille… L

-          Re faire confiance à l’équipe de Mr Zéca qui utilise une barcasse avec un gros moteur pour aider le ber à descendre la rampe et pas de bout pour le retenir…

-          Ne pas crier de peur quand Contre-Temps nous fait le coup du lancement du Titanic,  le ber glissant « tout seul », très vite, dans l’eau…

 

ALBUM PHOTO SAO VICENTE LE CHANTIER

 

-          Laver et brosser Contre-Temps à grands coups d’eau de mer puis d’eau douce pour qu’il redevienne Contre-Temps

-          Aimer le mouillage de la baie de Mindelo, comme si c’était le premier jour de son arrivée au Cap Vert J

 

L’équipage a appris aussi à se faire prendre pour des cons par Erwan de Villefroy, Directeur Commercial de Fountaine Pajot, qui ose soutenir, devant nos copains – Jean-Louis, Marie-Hélène, Bertrand -partis au salon nautique de Paris pour notamment l’alerter encore et toujours de notre situation, que :

1.       « Fountaine Pajot prend en charge depuis lundi le dysfonctionnement que nous rencontrons »

2.      « Si la quille fuit, c’est que nous avons touché ! »

L’équipage :

1.    pensait que « prendre en charge » voulait dire «  aider, accompagner, faire, faire faire, piloter, organiser, écouter, répondre, payer, dédommager… » et non pas « payer les factures sur présentation des originaux » après x mails de relance,

2.    voudrait savoir comment on peut faire pour toucher à l’avant et à l’arrière d’une quille, en même temps, sans qu’il y ait d’éclat sur l’antifouling d’origine ni que le milieu de la quille soit abîmée.

Peut-être que quelqu’un sait faire « sauter » un catamaran de 7 tonnes, de cailloux en cailloux, comme à saute-moutons !!!

L’équipage est preneur de ce type d’informations, pour encore apprendre ….

 

L’équipage et Contre-Temps se reposent, enfin

Ils seront prêts pour la grande traversée, à partir de mardi.

Publié dans Cahier de bord, Le bateau

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L
MESSAGE A ERWAN DE SANTIAGO<br /> Ton mail n'est pas valide, alors je te réponds par ici, en espérant que tu aies la réponse.<br /> <br /> <br /> <br /> Bonjour, <br /> <br /> merci pour ton message, <br /> <br /> <br /> Concernant le chantier de Mindelo, il est possible de sortir un petit bateau ou un petit catamaran.<br /> <br /> Il faut toutefois savoir que les conditions sont très aléatoires - matériel, sécurité, hygiène- mais quand il y a urgence.... <br /> <br /> Pour Luis, il est parti du Cap Vert. Le patron du chantier qui peut éventuellement sortir le bateau n'est joignable que sur place, il passe sur le chantier 2/3 fois /jour.<br /> <br /> <br /> <br /> Bon courage<br /> <br /> et comme on dit sur Contre-Temps "vivons nos rêves"
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