Le monde est petit… et Jacky est grand !

Publié le par Equipage Contre-Temps

Jacky navigue sur son Marguil, un Damien 40, avec son chien Dino et des « mômes » comme il les appelle- équipiers rencontrés en France et sur sa route -.

Nous l’avons vu, de loin, à Mindelo et croisé à Sao Nicolau, au Cap vert. Nous le retrouvons au Marin, en Martinique, bien heureux de rencontrer encore ces gamins de 20 ans, généreux, entiers, bosseurs et rêveurs, pleins d’une énergie dont nous sommes beaucoup à nier l’existence chez les « pas finis » ! Jacky, nous le croisons encore, de loin, comme ça, « bonjour-bonsoir »… Puis Marguil prend la route du retour en France, par les Acores, avec un autre équipage de mômes, Jacky et le chien Dino.

Fin d’une rencontre qui n’a pas eu lieu…

Un matin, au mouillage, nous voyons le Marguil, dans la baie, pas loin de Contre-Temps, tout défait : l’étai est en vrac, un bout de truc qui ressemble à un reste de dérive est sur le pont, le Jacky a le nez cassé et la gueule bleue… Grosses casses après les Bermudes, retour au Marin pour déposer les équipiers et voir ce qu’il est possible de faire du bateau. Jacky broie du noir, veut vendre son Marguil, sa maison, il n’a plus un sou, sa femme l’attend dans « sa Bretagne à lui », il veut rentrer… Les « anciens » mômes se bougent, vont au devant du capitaine déconfit. Nous aussi.

Jacky nous inquiète, il prend des décisions rapides et sans appels… Un soir, l’équipage décide de l’inviter à diner avec Dominique et Jean-François d’Amazone, histoire de lui changer les idées et de mieux le connaitre!

Au moment des présentations, à l’apéro, il se passe ce qui se passe à chaque fois sur un bateau : les questions ne concernent ni le nombre d’enfants, ni le métier exercé, ni le pourquoi ; on parle direct du bateau sur lequel on est, sur le comment il va, d’où on vient, rarement sur où on va – ça c’est pour le vieux rhum d’après dessert ! –

Amazone raconte son bateau, son chemin parcouru depuis Nantes, les bobos, le frigo en panne, Contre-Temps y va de ses histoires autant mécaniques que géographiques et Jacky clôt avec sa grosse casse, son retour, ses « mômes », sa femme qui l’attend à Morlaix ….

Et voilà que le monde devient tout petit…

Dominique et Jean-François connaissent Morlaix enfin, un peu, ils y sont aller pour voir un bateau à vendre, il y a quelques années, un beau bateau, avec un mec sympa, mécano, qui voulait vendre pour avoir plus petit et partir au Cap Vert ! Nous, on se marre et on dit à Jacky « c’est drôle, on dirait toi… », et Jacky de répondre « ha bon ? , mais non, c’est pas moi… », « ba oui, quand même, ça ressemble » reprend Dominique et les voilà qui refont la visite du bateau, le coup à boire après, les échanges d’infos, le bateau en fait trop petit pour le projet, les « au revoir, bon vent ! »

Et c’est bien lui, c’est bien eux ! Trop fort !!!! Tout le monde en est sur le cul, la coïncidence de cette rencontre de l’autre côté de l’Atlantique est extraordinaire….

 

Le soir même, l’équipage de Contre-Temps se dit que cette histoire est une belle histoire à raconter … Je prends des notes et je procrastine gaiement….

 

Et puis nous voyons Jacky tous les jours, réfléchissons avec lui pour raisonner les décisions qu’il prend, on s’invite, on papote, on boit quelques coups…

Nous serrons les rangs autour de Jacky….

Et nous le découvrons :

  • Jacky est un « breton à tête dur » - ou à « tête de con », comme dirait le capitaine !- un vrai, un dur, un bourru, un ronchon, un gars de Morlaix, un qui bougonne et qui boit trois litres de rhum en une nuit quand ça va pas !
  • Son truc, sa vie à Jacky, c’est le Cap Vert, 25 ans qu’il y pensait, qu’il en rêvait, qu’il le rêvait peut-être aussi… Il y est arrivé les fonds chargés de vêtements, de cahiers d’école et de stylos, de tenues sportives pour les enfants de Césaria…. Et la partie de foot organisée sur la plage de Tarafal, enfants du village contre les voileux du mouillage a été digne de la Coupe du Monde ! et quand Jacky le raconte, il en sourit autant de dedans que de dehors ! « de ce côté-là, mission accomplie » dit Jacky !
  • Il a eu plusieurs vies, Jacky, il a été paysan, coureur, glandeur, routier, mécanicien, préparateur de voitures, soudeur, bricoleur de génie, handicapé, bringueur, pauvre…
  • Jacky aime sa mère, sa sœur, son beauf – son poto-, sa femme, son chien, son bateau, les mômes ! Il agit depuis longtemps pour aider les autres, les cassés, les sans rien, les paumés, parce que « c’est comme ça ! il peut pas se refaire»qu'il dit Jacky, peut-être aussi parce que lui aussi il est rafistolé…
  • Le roi du far breton, le vrai, le seul c’est Jacky … il nous le prépare comme celui qu’il mangeait, enfant, seul repas du soir, à la ferme, et aussi du matin « pour tenir au ventre » disait sa mère ! La recette ? du beurre, du lait, des œufs, du sucre et de la farine et un plat ovale en verre et une cuillère en bois !

 

Jacky c’est tout ça, campé sur ses deux jambes et un Marguil de travioles…

Un jour Jacky vient nous voir- nous rentrons à peine de Sainte Anne, pour encore et toujours négocier nos travaux avec l’expert mandaté…- Il sourit, autant de dedans que de dehors ! il est rayonnant ! Il nous balance en vrac que sa femme a lancé un SOS sur le blog de Marguil pour expliquer la casse, l’étai, la dérive, la vente du bateauLes copains, les amis, les anciens clients ont répondu présents immédiatement ! Jacky a des sous pour réparer …. en serrant le budget … Jacky n’en revient pas, surpris, épaté, soufflé, estomaqué et tout et tout…. il ne comprend pas …

Et il nous faudra lui répéter maintes fois, tranquillement et affectueusement, qu’il s’agit simplement d’une preuve d’amour, d’un retour gratuit et à mille pour cent d’intérêts de ce qu’il a lui-même donné au cours de toutes ces années….Jacky a du mal à entendre qu’il est un mec bien, qu’il est aimé pour ce qu’il est, tout simplement….

Il nous suffira de le mettre en relation avec un bateau-copain -Rhum Blanc- parce que son capitaine, David, travaille au ferrailleur du carénage et peut aider pour la dérive à refaire, de lui filer un coup de mains pour remonter l’étai et surtout l’enrouleur plié en quinze mille, et de continuer d’être là, avec lui – et encore plus lorsque son cœur sera brisé par l’accident qui est survenu il y a quelques jours à son poto - ….

 

Facile d’être là, tellement la rencontre avec Jacky nous apporte ce petit moment de grâce, impalpable, qui nous fait dire qu’il aurait été tellement dommage de ne pas le rencontrer !

 

 

Jacky est un grand monsieur…

même campé sur ses deux jambes et un Marguile de travioles …

Jean-François, Dominique et Jacky /  Le far de Jacky / Jacky, beau monsieur!Jean-François, Dominique et Jacky /  Le far de Jacky / Jacky, beau monsieur!
Jean-François, Dominique et Jacky /  Le far de Jacky / Jacky, beau monsieur!

Jean-François, Dominique et Jacky / Le far de Jacky / Jacky, beau monsieur!

Publié dans Nos belles rencontres

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T
Si seulement on pouvait retrouver cette solidarité sur la terre ferme!!!!!! Bravo et on souhaite bon vent à jacky que l on aurais aimé connaître <br /> Et contre temps est ce que le docteur s occupe bien de lui ,?
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