Cahier de bord, Décembre 2020 Janvier 2021 : ça casse, ça répare, ça repart…
Tout le monde l’avait dit à l’équipage, ou plus exactement, tous les possesseurs de catamaran, tout fabricant, tout modèle, tout tout confondus, ils l’avaient tous dit : « à bord, tu dois avoir un safran de rechange, au moins un, parce qu’au bout de 6-8 ans, c’est normal, t’en perds un et toujours là où c’est compliqué d’en trouver un autre ! »
« Ouais, tu as vu le prix ? et la taille ? et le poids ? » qu’il disait l’équipage « et puis on n’a jamais entendu de Mahé 36 qui ait perdu un safran, encore moins 2 ? » - en même temps, le modèle est neuf ou presque, ceci explique peut-être cela… -
Bref, à bord du Contre-Temps, pas de safran de rechange, ni entier, ni en pièces détachées…
Voilà donc l’équipage qui navigue sous voiles, entre Noël et Jour de l’An, au sud de Tahuata, mer belle, vent correct, rase cailloux de rigueur car la cote sous le vent est juste une merveille !
Et voilà le capitaine qui trouve que le pilote déraille un peu, il indique « barre limite proche », ça lui arrive quand il a une petite faiblesse d’alimentation, va savoir pourquoi ? du coup, l’équipage range les voiles, et finit aux moteurs sa balade, sans plus de questions que ça !
Et voilà que la mousse profite de l’eau claire de Hanamoenoa pour faire un plouff de bien-être et de contrôle des hélices, anodes, patte d’oie, nanani, nananère… la routine des mousses quoi ! 2 heures de frottage qui se finissent toujours par le nettoyage des 2 safrans, point final du ménage sous-marin … - chacun ses habitudes !-
Et voilà que la mousse n’en croit pas ses yeux ! à tribord, tout est là mais à bâbord, il manque un truc… tellement énorme de pas l’avoir vu avant, qu’elle est sûre qu’elle va le trouver, là, juste en dessous des coques, à moins de 8 mètres de fond… c’est pas rien un gros machin bleu foncé avec un tube de 1,60m à un bout et une pelle à tarte de l’autre ? et ben non, y’a rien, de rien, de rien, que du sable, des petits poissons et quelques requins qui passent par là, l’air de rien aussi… et un petit bout de mèche de 34 mm, cassée nette à la sortie de la coque !
On vous passe le serrage de fesses pour traverser le canal du Bordelais à l’envers qu’on ne sait pas si le seul safran va tenir encore quelques miles, l’arrivée dans la baie de Atuona, la manœuvre aux petits oignons du capitaine pour se caler dans un coin un peu tout seul au cas où… et le soulagement de savoir qu’on est au bon endroit parce qu’à Atuona, il y a le seul chantier naval de toute la zone avec des gens compétents et bienveillants, MMS !
On vous passe l’absence totale de tourneur sur l’ensemble de la Polynésie sauf à Tahiti, les magasins spécialisés et le chantier, tous fermés en période de fêtes, le devis envoyé par le constructeur, même pas étonné de la situation, même pas compatissant, à 2 500 euros TTC départ de La Rochelle, sans le fret et sans les douanes, pour un seul safran, et les copains bateaux qui rassurent l’équipage « la réparation n’est pas compliquée mais il faut les bonnes personnes et les bons matériaux ; si vous avez besoin de bras, appelez, on est là» !
On vous passe aussi quand, à la demande de Vincent de MMS qui veut avoir le deuxième safran comme modèle pour faire le premier, l’équipage voit ses têtes s’effondrer quand il peut rentrer 4mm de piques à brochette dans les crevasses qui sont apparues au niveau de la sortie de la coque mais aussi 40 cm au-dessus – dans la jaumière donc ! - …
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Iles Marquises Hiva Oa 1 de perdu, 2 de fabriqués partie 1
Iles Marquises Hiva Oa 1 de perdu, 2 de fabriqués partie 1
C’est le top chef Vincent – content est l’équipage d’avoir toujours fait confiance à ses compétences et son chantier !- qui, pendant ses congés et après, décoincera les problèmes techniques les uns derrière les autres :
- pour faire tourner le plein – « un tube inox rempli » comme dite la mousse - en 34mm et le faire venir aux Marquises : ça sera le capitaine pour le plan détaillé et la simplification de la mèche, Javier pour les tourner à Papeete et les envoyer par avion – ça coute juste les 4 bras et les 4 pattes de l’équipage mais le bateau ravitailleur est déjà parti quand les pièces sont terminées ! –
- pour fabriquer les pelles des deux safrans : ça sera les gars du chantier. Découpe des contreplaqués, ponçage, collage, résinage, ponçage, peinture, ponçage, peinture, ponçage, peinture, …
On a quand même des mèches Inox en plein de 34 mm, comme termitées, transpercées par des canalisations caverneuses – la mousse adore ce mot mais pas ce que ça veut dire ! - , un constructeur qui ne donne aucune explication, des constats qui ouvrent des portes ouvertes : l’inox est de mauvaise qualité ! mais aucune solution… personne n’est capable de dire comment faire pour ne pas reproduire la situation, ou plutôt, tout le monde donne des avis aux mieux complémentaires, aux pires opposés ! MMS et le capitaine font le point : il est décidé de poser une anode sur chaque mèche. Si elles s’érodent, cette une bonne solution, si elles restent intactes, et ben, on sait pas !
C’est le capitaine qui gèrera les questions d’organisation avec Franck Funambule, bateau copain depuis la Caraïbe ; préparation, répétition, action …
- en 2x10 minutes, les deux safrans neufs sont mis en place !
Voilà, en 3 semaines, au fin fond des Marquises, le Contre-Temps a 2 safrans tout neufs grâce à pleins de gens compétents, patients, rigolos et gentils– donc, vous l’avez compris, pas grâce au constructeur ! –
Merci
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Iles Marquises Hiva Oa 1 de perdu, 2 de fabriqués partie 2
Iles Marquises Hiva Oa 1 de perdu, 2 de fabriqués partie 2