Cahier de bord : Juin 2017, Nuku Hiva le boycott de la vallée d’Hakaui

Publié le par Equipage Contre-Temps

Ou

Le mercantilisme contamine des marquisiens, comme quoi ! qui l’eut cru ?

Mettre dans la même phrase « mercantilisme » et « marquisien », c’est… c’est… Quoi trouver d’absurde à associer ? c’est aussi extravagant que d’associer « catholique » et « préservatif », « socialiste » et « humanisme », « mayonnaise » et « régime » ou « Trump » et « égalité » … C’est aussi ridicule que ça … vous comprenez ce que la mousse veut dire ?!

 

Le monde entier connait la bienveillance, la courtoisie extrême, le sens de l’hospitalité tant développé des polynésiens, comme si cela était, ici, inné, génétique, ancré dans le savoir-vivre entre soi et avec les autres, c’est vous dire ! Il le connait tellement bien, le monde, que, pendant plus de quatre siècles, il en a largement et horriblement profité lors de ses différentes campagnes de colonisation et d’exploitation de ces hommes et de leurs terres …

Ces iliens, - et la mousse évoquent ici ceux que l’équipage connait le moins mal, les Henua Enana : marquisiens -, ces marquisiens donc, tant attachés au partage, à la fraternité, au droit à la différence se sont si souvent laissés berner et mener par des occidentaux guerriers, savants, instructeurs, enseignants, soignants, et hommes - de peu - de foi - c’est le moins que l’on puisse dire- , que l’équipage s’est souvent demandé le pourquoi de leur apparent fatalisme, de leur abandon à la loi du plus fort, de leur loyauté, même, à ceux qui les traitent, encore aujourd’hui, de sauvages, de brutes idiotes et sans âme, de débiles si gentils et si braves … ? Question à multiples réponses, passant de la manipulation exercée par les pasteurs « mon dieu est meilleur que les vôtres, la preuve, les vôtres ne font rien pour éradiquer le mien », à l’emploi des bouches à feu contre les femmes et les enfants – pratique inconcevable dans le code de conduite des batailles tribales entre vallées - , de l’avilissement des prêtes et familles régissant la communauté à de simples fantoches royaux et princiers dénués de sens, à l’usage massif de l’alcool et des trocs de pacotille, de l’enseignement obligatoire de la langue et de l’histoire française au profond mépris que beaucoup de hao’e – étranger – ne se lassent pas d’exprimer et de faire sentir, encore aujourd’hui, etc. etc.

La vie que l’équipage expérimente depuis trois ans, ici, dans l’archipel des Marquises n’est peut-être pas la même pour tous les visiteurs, et c’est surement différent dans les autres archipels mais c’est bien la réalité quotidienne des Contre-Temps, chien matelot compris !

Vivre aux Marquises, c’est recevoir des couronnes de tête et des colliers en signe de bienvenue, c’est entendre les mavemai - chants d’accueil- profonds et sincères, c’est se voir offrir des fruits frais « parce que sur un bateau, tu peux pas planter », c’est ne pas avoir le temps de lever le pouce au bord de la route et être pris en voiture pour aller où tu veux, même pas sur le chemin de la maison « parce que t’as les cheveux blancs, t’es vieux alors t’es fatigué », c’est être invité à déjeuner tous les jours si tu le veux, pour « te faire gouter le bon kai kai », c’est partager la chasse pour te remercier d’un service, d’un conseil, c’est des recueils de dons – en argent- pour rapatrier un corps de métropole ou de Tahiti, pour aider une famille à construire sa maison MTR- équivalent HLM – qui sont clos en 24h, missions accomplies, c’est les vieux et les bébés qui habitent avec la famille, toujours – il n’y a ni crèches, ni maisons de retraite -, c’est des enfants qui prennent le temps de te demander comment tu vas, et on a raconté à l’équipage qu’il n’y a pas si longtemps, quand tu passais devant une maison, tu entendais souvent « viens boire un café, kai kai metai » - viens partager le déjeuner - … Les marquisiens pas souriants, et/ou ne répondant pas à un bonjour ou un sourire, y’en a, mais ils sont tellement peu nombreux qu’ils se comptent sur les doigts d’une seule main et sont, de toute façon, mal aimables avec le monde entier, ceux de la communauté comme ceux d’ailleurs…

C’est ça, le quotidien du capitaine et de la mousse et on s’y habitue et s’y sent tellement bien, qu’on a établi notre domicile au milieu de ces iles, de ses grands gaillards et de ces jolies dames, de ces enfants qui passent de bras et bras et de ces vieux qui se laissent grivoisement embrasser sur les deux joues par une frani -française- qui les fait rire !

L’équipage, il retrouve un concentré de tout ça dans une vallée qu’il aime particulièrement : celle d’Hakaui, au sud-ouest de Nuku Hiva. Singulièrement protégée, elle est idéale pour intervenir dans le mat ou dormir bien à plat, elle est aussi unique les soirs de pleine lune, quand la lumière blanche vient frapper ses falaises raides et immenses qui tombent dans la mer toute petite devant les majestueuses hauteurs des cailloux la surplombant ... L’eau douce y est pure et non traitée, la rivière accessible en annexe à marée haute, on aime y faire le plein des réservoirs. Et puis, on y va pour voir des amis, Taniha, Teiki, Kua et Matio, Monette et Mathias, les parents de Noëlla, et les tikis cachés derrière la chapelle, les pae pae enfouis sous les acacias et les banians centenaires, en fait, les seuls habitants permanents de cette vallée inaccessible par la route ! On ravitaille un peu, on donne des nouvelles, en emmène les enfants et les parents pour les vacances, on transbahute les sacs de citrons et de mangues pour le bateau Aranui qui vient tous les 14 jours de Tahiti, on nagouille aussi avec les raies Manta et, parfois, on fait découvrir aux marquisiens leur ile en les amenant se balader à la cascade et déjeuner chez Kua… - pour ceux qui suivent, reprenez le blog, plusieurs articles font les éloges de cette vallée magnifique et de ses habitants, et pour ceux qui suivent pas, tant pis pour eux, prenez le bateau en marche ! –

Cahier de bord : Juin 2017, Nuku Hiva le boycott de la vallée d’Hakaui
Cahier de bord : Juin 2017, Nuku Hiva le boycott de la vallée d’Hakaui
Cahier de bord : Juin 2017, Nuku Hiva le boycott de la vallée d’Hakaui

Alors, imaginez notre surprise, non, le mot n’est pas le bon, imaginez notre désarroi quand on a vu, un jour, début janvier, une affiche sur un arbre, devant le point d’eau, indiquant « que le droit d’entrée pour la vallée d’Hakaui était fixé à 1 000 FP/personne et par jour, redevable auprès de Fara, le trésorier de l’association familiale des Taupotini, demeurant à Taiohae… On pense qu’il s’agit d’un document mal formulé, que seule la balade à la cascade est payante avec un guide – ce qui semble, sur le fond, justifier car la piste peut être dangereuse par grosses pluies mais irréaliste sur la forme, le prix paraissant exorbitant ! – et on fait rapidement des calculs : l’équipage est deux + le chien – lui, on sait pas comment le compter : au nombre de pattes ou à celui de tête ? -, on vient une fois par mois, au moins deux jours, ça fait … 4 000 FP par séjour pour prendre 400l d’eau et voir nos potes ? Non, ça se peut pas ... Et si une famille vient pour 4/5 jours, et déjeune chez Kua, ça fait 20 000 FP le séjour dans la vallée ? Non, ça se peut pas … A raison de 100 à 250 personnes /mois qui se promènent dans la vallée, pour aller voir, ou pas la cascade, ça fait donc 100 à 250 000 FP/mois, joli pactole … Non, ça se peut pas ...

Alors on demande gentiment à Kua, à Fara, à Joseph, à Pei, à Eléonore, à Honorine, à Matilde, à Tahia, à tous ceux qu’on connait de la famille Taupotini qui habite Hakaui et Taiohae « mais qu’est ce qui se passe dans la vallée d’Hakaui, vous pétez un câble, c’est quoi cette histoire de droit d’entrée ? »… Et on entend « j’étais pas à la réunion », « si l’association l’a dit, c’est que c’est comme ça », « je sais pas », « si quelqu’un de ma famille vient dans la vallée, je paie pour lui », « pour les voiliers, c’est pas réglé », « c’est que pour la cascade », « tu peux aller à la chapelle ou te promener sur la plage », « le mouillage va devenir payant », « l’eau est gratuite », « le chemin d’accès va devenir payant », « c’est pas moi », « je ne veux pas me fâcher avec la famille », « la vallée est privée », « les grands parents n’auraient jamais admis une taxe », « princess mamy va intervenir », « c’est à nous, on fait ce qu’on veut », « la grand-mère n’est pas au courant », « tu peux y aller », « c’est pour entretenir le chemin de la cascade » - boueux à souhait, il n’a ni passerelles, ni panneaux, ni barrières depuis trois ans ! - et chalala et chalala…

L’équipage hésite, a du mal à croire les informations qui circulent déjà de bateaux en guides touristiques qui racontent des agressions verbales et physiques impensables ici, car le bruit a couru très vite, radio ponton a fonctionné à fond « à Hakaui, t’es accueilli à coups de fusils » ! Fort des propos rassurants de certains Taupotini, il envoie des copains voiliers chez ses potes Teiki et Kua pour un bon kai kai ; lui n’y va pas pour cause de boulot à Ua Pou, manque de pot ... Et ça ne manque pas, le chargé du recouvrement du droit d’entrée n’attend même pas que les deux pieds des visiteurs soient sur la terre ferme : il réclame sa dime. Poliment mais fermement « Bonjour, tu paies ou tu pars », puis, comme des discussions démarrent « tu te casses, sale juif, arabe, étranger, conne » – selon le qui il a en face de lui -, « interdiction de prendre de l’eau, tu la voles, je ferme le robinet », « interdiction d’aller à la chapelle, tu nous manques de respect », etc., etc., le tout machette brandie à la main, injurieux et menaçant et, depuis peu, accompagné de gros bras qui ne parlent que marquisien ce qui ne facilite pas le dialogue mais fait monter la pression ! Quelques américains en ont été quitte pour une peur bleue, - bon, on va pas pleurer mais quand même, c’est pas bien ! - d’autres voiliers se sont barrés immédiatement, fermant ainsi tout commerce possible avec Kua ou Monette, d’autres encore ont échangé des noms d’oiseaux et un ou deux coups de poings avec le taxeur, - plaintes ont été déposées à la gendarmerie - et ceux qui viennent avec un guide ont déjà payé l’obole en ville – un seul d’entre eux râle et est maintenant interdit de séjour dans la vallée, les autres paient !-

Voilà, on en est là !

L’équipage est effaré et effondré, tellement il est, à priori, impossible que de telles choses arrivent ici ; les marquisiens à qui il en parle aussi… mais pas ceux de la famille Taupotini qui revendiquent la propriété de la vallée et ainsi, s’en octroient tous les droits, pouvoirs et abus de pouvoirs compris !

« Mais que fait la police », direz-vous ? 

Ici, y a que la PM – police municipale – alors c’est les gendarmes qui sont alertés, mais rien n’y fait, l’administrateur d’Etat, lui, est instruit de l’affaire, et ses réponses sont administratives : « s'assurer que les atteintes aux personnes, dument enregistrées à la gendarmerie, soient suivies et que l'association réponde aux obligations légales inhérentes à ses statuts ». La mousse n’a pas encore contacté l’administrateur territorial – représentant du Pays aux Marquises -, ni les ministères, ni les affaires foncières, ni le Procureur, ni la presse, ni le Haut-Commissariat, ni la commune, dans le désordre et en vrac, pour connaitre leurs points de vue et leur niveau possible d’intervention car, quand on y réfléchit bien,- si, si, allez-y, vous pouvez y arriver, même avec la canicule qui abrutit vos neurones et la publicité qui les surchauffe ! – quand on y réfléchit bien, donc, y’a plein de trucs qui coincent dans cette histoire :

 

- Imaginez que je crée une association, avec des statuts, des membres actifs, bienfaiteurs, d’honneur et de droit, - n’y voyez aucunes allusions salaces, oh, vilain ! - avec quelques copains-bateaux, et un ou deux grands noms du nautisme - genre Kersauson, ça c’est pas mal !-. L’objectif de cette association est de promouvoir et de défendre le bassin nautique de Paris ben, voui, l’équipage il est parigot, tête de veau ! – ou pour vous faire plaisir au zami de toujours, celui de Bordeaux, ou encore celui de Marseille pour faire râler Mélenchon, … Bref, ne nous égarons pas, restons en terre connue, l’objectif de cette association est donc de promouvoir et de défendre le bassin nautique de Paris parce qu’elle en est la propriétaire. Les membres du conseil d’administration, chargés de la représentation de l’association, font connaître dans les 3 (trois) mois, à Monsieur le Haut- Commissaire de la République Française, s/c de Monsieur le Chef du Service des Affaires Administratives, tous les changements survenus dans l’administration, la direction de l’association, ainsi que les modifications apportées aux statuts.

L’association répond ainsi statutairement à ses obligations et celles émanant de l’Etat, elle est tamponnée, vérifiée et tout et tout mais est-elle, pour autant, légitime ? Est-ce que déclarer que l’association est propriétaire du bassin nautique de Paris en fait effectivement la propriétaire ? Autrement dit, est-ce que parce que je l’écris et le crie haut et fort, ce que j’écris et ce que je dis devient une vérité ?

Est-ce le fait que l’association familiale Taupotini écrit et crie haut et fort qu’elle est propriétaire de la vallée d’Hakaui, la rend légalement propriétaire de ladite vallée ?

Certains habitants de Nuku Hiva émettent des doutes, l’équipage aussi mais pas les instances territoriales ou étatiques qui font l’impasse… Au secours, c’est la théorie du complot qui démarre !
 
- aujourd'hui, les avocats en charge du dossier des familles Taupotini – aux dires d’un membre de ladite famille ! -  ont pour mission d'établir les lignées de chaque branche familiale. C'est l'objet des honoraires chèrement facturées – les dettes sont, aux dires de ceux qui ne sont pas de ladite famille, incommensurables ! - ; les branches sont tellement nombreuses, il est aujourd'hui impossible de savoir qui a droit à quelle terre. Des recherches généalogiques sont donc en cours. Ça veut donc dire que l’association familiale n'est pas légalement propriétaire ; elle occupe les lieux. Donc, elle privatise et rend payante une vallée qui ne lui appartient pas, non ? Ne met-elle pas « la charrue avant les bœufs » ? S'agit-il d'une usurpation ? Ou d'un plan stratégique en prévision de la mise en œuvre du circuit d'eau potabilisée, partant de la vallée d'Hakaui vers Taiohae, dont les touristes feraient les frais ? Ou alors, d’une volonté des membres de la famille de s’isoler du monde extérieur afin de pouvoir faire pousser dans la vallée du gazon qui rend con ou autre ? Merde alors, une Marquises Connection va éradiquer la colombienne et rendre abruti le monde entier ! Au secours, c’est le début de la fin, c’est la théorie du complot qui continue !
 
- Le sujet a été abordé par le conseil municipal – aux dires d’un de ces membres - mais aucune décision n'a été prise. Cependant, il est à noter que 1.  les pistes cavalières sont sous autorité de la Commune, 2. les 50 pas du roi sont encore aujourd’hui la règle aux Marquises, sauf décision du Pays si les dits 50 pas sont construits. La vallée ne fait pas exception à ces deux règles. C'est d'ailleurs pour cela qu'une cabine téléphonique de l'OPT est installée sur cette voie, afin d'assurer le service public, que les tuyaux d'eau y ont été déposés par le service de l'eau communal et qu'un panneau signé par la Commune de Nuku Hiva indique aux promeneurs que l'accès à la cascade est dangereux - chutes de pierre-, la Commune ayant estimé que sa responsabilité pouvait être engagée en cas d’accidents.
Ça veut donc dire que l’association familiale ne respecte pas les 50 pas du Roi, loi littorale etc. qui permettent à tout à chacun de circuler le long du littoral sans autorisation particulière, ni droit de passage.  - il se trouve que la plage, la rivière et l'accès au robinet d'eau sont dans cette limite-. Elle refuse à tout citoyen sa libre circulation et celle de ses biens ce qui, semble-t-il, est un droit que l’État doit garantir sur le territoire, non ? S’agit-il d‘un complot contre le Pays, visant la sécession de la vallée de la Polynésie française dans la digne lignée des demandes séparatistes de l’époque Kimitete ? Ou d’une sédition d’avec l’Etat ? Ou alors, du premier signe du cataclysme géant qui va détruire la terre, morcelant les continents petits et grands en une multitude de miettes de terre immergées par la montée des eaux, la vallée d’Hakaui étant la précurseur du phénomène ? Au secours, c’est le milieu de la fin, c’est la théorie du complot qui se durcit !
 
-  L’état de la piste, aujourd’hui, prouve que l’association n'affecte pas les revenus de ce droit d'entrée à son entretien, objet du dit droit, pourtant affiché deux fois dans le village, en français et en anglais. S'agit-il d’un détournement de fonds dont les pauvres membres de l’association familiale serait ignorant ? ou d'une filouterie ? Ou alors d’une escroquerie visant à blanchir de l’argent sale, -donc pas propre, CQFD- celui justement du développement agricole sus nommé, ou pire celui du trafic de machettes entre la vallée d’Hakaui et le reste du monde, révélant ainsi aux yeux de la terre entière le gigantesque réseau de terroristes armés jusqu’aux phalanges d’un arsenal anti personnelle ? Au secours, c’est la fin de la fin de la théorie du complot qui s’éternise !
 
Pour l’épilogue du complot qui n’est pas près de voir le jour – ni la nuit -, la mousse fait confiance aux représentants du Pays et de l’Etat, qui s’y connaissent pour se noyer dans la grande bleue et perdre les poissons dans une bière Hinano ! 
Mais, parce que l’équipage aime ses amis, ceux de la vallée d’Hakaui aussi, elle s’inquiète d’une situation qui va devenir, à court ou moyen terme, un problème de sécurité des personnes et des biens. Les conflits sont de moins en moins latents, les relations entre les différents acteurs de la vallée se tendent, les visiteurs de passage - voiliers, promeneurs- sont, sans faux semblants, maltraités verbalement et menacés physiquement. Quant à la notoriété touristique de la vallée, au-delà celle de Nuku Hiva et des Marquises, elle n'en sort pas grandi, loin de là. Les informations circulent vite dans le monde du tourisme... Il faut que la situation s'aplanisse avant qu'une agression grave n’arrive ; le simple constat d'une entrave au droit justifie l'intervention de l’État et de ses services dans le périmètre de sa compétence, non ?
 

« Alors, c’est quoi la conclusion de l’équipage ? », direz-vous, exténué par la lecture de ce cahier de bord qui ne vous concerne pas du tout si vous êtes terrien, un peu, par curiosité, si vous êtes voileux, un peu plus si vous passez un de ces quatre dans le coin…

Chacun fait comme y veut, mais l’équipage du Contre-Temps, et un certain nombre d’autres voileux, ont décidé de boycotter la vallée d’Hakaui, la mort dans l’âme.

Y aller, c’est participer au complot mis en place par la famille Taupotini qu’on a décidé de renommer les « fichés T » !

Plus sérieusement, c’est risquer qu’un mot mal envoyé devienne un coup bien porté ! On peut laisser dans la vallée un œil au beurre noir pire, un doigt ou un bras sous le coup du grand couteau, voir y être bouffé en kai kai même si vous êtes pas allemand – y’a eu un précédent !

Le capitaine, fort de ses références d’une autre vie, conclue « ne rien faire, c’est collaborer »

A Arendt

 

PS pour revenir à la fabuleuse façon de voir le monde des marquisiens, ici, quand les nuages coulent vers la mer, ça veut dire quelque chose d’important…

 

Le samedi des élections – ici, on vote un jour avant la métropole -, Pierre Marie, adjoint au Maire de la Commune de Nuku Hiva, chargé du contrôle des comptes municipaux et surnommé « le ministre des finances » par la mousse, est mort dans son lit, après avoir dit au revoir à tout le monde comme si de rien n’était …

Le lendemain, dimanche, au petit quai, Henry et la mousse discutent de cette perte, en regardant la pluie tombée et les montagnes fumer. La mousse s’étonne de l’aspect des nuages qui barrent la montagne, la séparant en deux, un coté « mer » et un côté « ciel ». On dirait que les nuages, compacts, dégoulinent vers la mer. Henry explique « c’est un mauvais présage, c’est signe d’un mort », la mousse évoque Pierre Marie, mais Henry complète « c’est pour demain, c’est pas pour hier. Avant, quand un Henua enana allait mourir, on voyait un peu avant son âme descendre de la terre pour couler vers la mer. Son âme s’installait dans un grand animal marin. Il vivait une autre vie dans la mer. C’est pour ça qu’au moment des grandes fêtes, on tue une baleine ou une grande Manta et on la mange ; c’est pour récupérer le mana des disparus. Ce que tu vois, c’est une âme forte qui part ». Lundi, l’équipage part à Ua Pou. Mercredi, dans la baie de Hakahetau, la mousse écrit, devant une mer grisâtre. Des grains sont passés toute la journée, interdisant même une sortie avec des hôtes. C’est la fin du jour. Elle lève le nez et voit l’ile de Nuku Hiva, au loin, coupée en deux par les mêmes types de nuages que ceux vus dimanche. La même scène, en géant ! Les nuages tombent côté ouest, rosis par les derniers rayons du soleil. Est-ce un présage ? La mousse envoie un message à Henry pour lui décrire ce qu’elle voit. Aucunes nouvelles depuis…

Publié dans Cahier de bord

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J
Les esprits de la vallée puniront ces simples d'esprit. Ils ne sont pas marquisiens. Une fiotte et 2 pit bulls à eux trois même pas l'ombre d'un cerveau.
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